Les tests et les examens ont-ils encore leur place à l’école?

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À quoi sert de mémoriser les réponses aux examens quand l'information est à portée de clic sur Internet? Photo: iStock.com/Caiaimage/Chris Ryan
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Publié 01/03/2023 par Michèle Villegas-Kerlinger

À l’ère numérique, la mémorisation d’un certain nombre de faits en vue d’une évaluation écrite semble de moins en moins utile. Après tout, pourquoi passer des heures, avant les examens, à se bourrer le crâne de ce qu’on pourrait trouver en ligne grâce à un simple clic?

Certaines professionnels de l’éducation semblent vouloir remplacer les tests et les examens par des projets et d’autres formes d’évaluation qui ont, sans aucun doute, leur mérite.

Toutefois, on est en droit de se demander si ces derniers peuvent carrément remplacer les tests et les examens.

Deux points de vue

Dans un blogue de la communauté IB, c’est-à-dire le Baccalauréat International, deux points de vue sur le sujet sont présentés.

1. D’un côté, Peter T. Howe, directeur de l’UWC Atlantic College au Royaume-Uni, dit que «les examens n’évaluent pas les capacités, ils fournissent simplement un instantané des connaissances qu’une personne a pu garder en mémoire à un certain moment.»

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Il continue en précisant que les examens ont fait leur temps et causent un stress indu chez l’élève.

D’après M. Howe, la mémorisation des faits ne suffit pas pour réussir dans la vie. Les compétences recherchées actuellement sont plutôt «la vision, la résolution de problèmes, le réalisme, la communication, les compromis, le travail d’équipe et le renforcement des communautés», habiletés qui ne sont pas toutes mesurées par les tests ni les examens.

2. Sans lui donner tout à fait tort, Matt Glanville, responsable en chef des principes et pratiques de l’évaluation à l’IB, affirme que «bien que le rappel détaillé des connaissances soit moins utile dans le monde d’aujourd’hui, il est possible de soutenir qu’une connaissance étendue est essentielle pour délimiter la recherche initiale.»

Le blogue continue en soulignant le fait que les évaluations de l’IB ne se réduisent pas à une simple régurgitation des faits.

L’élève doit «analyser et présenter des informations, évaluer et développer des arguments, résoudre des problèmes de manière créative, comprendre des concepts clés et appliquer des connaissances dans des situations de la vie réelle».

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La pédagogie est traversée de plusieurs courants de pensée. Photo: iStock.com/Deagreez.

Les tests et les examens toujours pertinents?

Malgré la pléthore de façons d’évaluer les connaissances des élèves, les tests et les examens sont toujours utiles pour de nombreuses raisons. Ils:

1. sont de la gymnastique pour le cerveau parce qu’il y augmentent le nombre de connexions neuronales. L’élève doit non seulement comprendre la matière, mais encore la retenir et être en mesure de l’appliquer dans d’autres contextes.

2. encouragent les bonnes habitudes. La peur naturelle de l’échec force l’élève à assister aux cours, à prendre des notes, à faire ses devoirs, à poser des questions, à participer en classe et à se préparer en bonne et due forme pour les évaluations.

3. favorisent la discipline et la concentration. La préparation pour les tests et les examens développe chez l’élève des qualités très en demande sur le marché du travail comme la résilience et la capacité de rester calme et concentré dans des situations stressantes.

Par ailleurs, le fait de se pencher sur une matière qui ne le passionne pas forcément, en vue d’un test ou d’un examen, apprend à l’élève comment se motiver à faire une tâche qui pourrait lui déplaire… Ce qui risque d’arriver à un moment donné de sa vie.

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4. aident l’élève à mieux planifier et à gérer son temps, des compétences très recherchées de nos jours.

5. sont une source de fierté et de confiance pour l’élève qui a bien compris la matière, s’est dûment préparé et a reçu une bonne note. En cas d’échec, ils permettent à l’élève d’identifier ses lacunes pour qu’il puisse corriger le tir et mieux faire la prochaine fois.

6. favorisent une saine compétition, préparant l’élève pour la vie réelle. Après tout, les écoles n’ont pas le monopole des tests et des examens. Des programmes spécialisés, comme l’IB ou l’AP en ont, tout comme les collèges et les universités.

Il en faut pour le permis de conduire, dans certaines professions ou pour l’apprentissage d’une langue seconde ayant un diplôme reconnu comme le DELF ou le DALF.

L’habitude des tests et des examens fait en sorte que l’élève apprend ainsi à atténuer l’anxiété naturelle face à ce genre d’évaluation.

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De plus, ces évaluations favorisent le développement, les valeurs, les habiletés de pensée, l’autoévaluation ainsi que la mise en place de stratégies pour réussir à l’avenir.

7. sont révélateurs de ce que l’élève a appris vraiment. Les projets pourraient être du copier-coller, de la traduction par google, le travail d’une tierce personne ou le résultat d’une intelligence artificielle comme le ChatGPT. Dans ces cas-là, l’élève reçoit une note qu’il n’a pas méritée.

8. permettent aux élèves réservés, qui ne participent pas beaucoup en classe, de faire montre de leurs connaissances.

9. sont équitables. En général, l’élève recevra une note à la hauteur de sa préparation et ce, indépendamment de son statut social, etc.

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Étudier et se tester en groupe est une bonne pratique. Photo: iStock.com/Jacob Ammentorp Lund.

L’anxiété face aux tests et aux examens

Il est normal de se sentir anxieux à l’annonce d’un test ou d’un examen. La peur de l’échec, surtout dans une société aussi compétitive que la nôtre, est tout à fait compréhensible.

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Mais est-ce en éliminant tout simplement la source de l’anxiété qu’on en viendra à bout?

En ce qui concerne les tests et les examens, Denis Bertrand et Hassan Aznour, chercheurs et rédacteurs d’une étude importante sur le sujet en 2000, ont trouvé que les causes d’échec ou de résultats décevants peuvent se classer en quatre catégories:

Avant le test ou l’examen

Une mauvaise gestion des études de la part de l’élève: absences fréquentes, mauvaises habitudes de travail, prise de notes déficiente ou absente, mémorisation au lieu de compréhension, etc.

Le jour de l’évaluation

Les causes circonstancielles ou accidentelles indépendantes de l’élève: problèmes personnels, retard ou oubli d’un outil essentiel comme un crayon ou un stylo, une calculatrice, etc.

Les lacunes de l’élève: connaissances déficientes, mauvaise gestion du stress qui donne lieu à des trous de mémoire, incohérence et difficultés d’expression, écriture illisible, etc.

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Une mauvaise gestion de l’examen: mauvaise lecture ou incompréhension des consignes, mauvaise planification du temps, etc.

Toute est une question de préparation

Pour éviter l’échec et dissiper une partie de l’anxiété que peuvent engendrer les tests et les examens, rien ne vaut une bonne préparation.

Par conséquent, voici quelques conseils pour s’y préparer bien comme il faut:

1. Ne pas attendre la veille de l’évaluation pour commencer à réviser la matière. Le fait de voir et de revoir ses notes tout au long du cours favorise l’apprentissage en profondeur. La matière est sauvegardée dans la mémoire à long terme où elle pourra être retrouvée facilement le jour de l’évaluation.

En étudiant en catastrophe la veille d’un test ou d’un examen, la matière ne restera que dans la mémoire à courte terme, ce qui augmentera le stress de l’élève au moment de l’évaluation parce qu’il risque de ne plus se souvenir de ce qu’il a étudié la veille.

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Le soir précédant une évaluation ne doit servir qu’à faire une dernière révision après quoi on se couche de bonne heure pour bien se reposer.

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Mauvaise pratique: le «cramming», passer des heures à étudier la nuit avant l’examen. Photo: iStock.com/Prostock-Studio.

2. Garder la positivité. Un dicton dit que le pire n’est pas toujours sûr. Si l’on s’est bien préparé pour l’évaluation, on peut être optimiste, car on a fait tout son possible pour la réussir.

3. Déterminer ce qui est le plus important. Il faut étudier ce qui est le plus important pour l’évaluation. On peut toujours demander à l’enseignant des précisions à ce sujet.

4. Faire des fiches d’études. En résumant les idées principales en quelques points sur des fiches, on synthétise la matière. C’est une excellente façon de réviser les informations et de vérifier ce qu’on a appris.

5. Demander de l’aide au besoin. Si l’on ne comprend pas un point, il faut s’adresser au professeur ou ou à un camarade de classe. On peut même étudier avec d’autres élèves et se tester mutuellement.

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6. Assister aux cours de révision. Si le professeur fait une révision de la matière avant l’examen, il est utile d’y assister.

7. Arriver une dizaine de minutes à l’avance. Ces quelques minutes permettent à l’élève de maîtriser ses nerfs, d’aller aux toilettes, etc.

8. Avoir les outils nécessaires sous la main. Il faut apporter ce dont on a besoin pour l’évaluation: plusieurs crayons, des stylos, une calculatrice, etc.

9. Jeter un coup d’oeil au test ou à l’examen avant de commencer à écrire. En regardant la longueur de l’évaluation, le genre de questions posées et les points accordés à chacune, l’élève pourra se préparer en conséquence et bien gérer son temps.

Il passera plus de temps sur les questions qui valent plus de points.

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10. Lire les instructions attentivement pour bien comprendre ce qu’il faut faire. On répond à chaque question, puis on passe à la suivante. Au cas où l’élève ne sait pas la réponse à une question donnée, il la saute, quitte à y revenir plus tard.

C’est pourquoi il est utile de laisser entre dix et quinze minutes avant la fin de l’évaluation pour vérifier ses réponses et s’assurer d’avoir répondu à toutes les questions.

Que faire en cas d’échec?

Les échecs font partie de la vie tout comme les succès. En effet, les premiers ont de nombreux avantages et sont nécessaires pour notre croissance.

C’est aussi l’avis de nombreuses personnes qui ont réussi dans la vie comme un certain monsieur Sakichi Toyoda, le fondateur de Toyota.

Si l’élève n’obtient pas la note souhaitée malgré une excellente préparation, que faire?

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En prenant note des bonnes réponses et en comprenant ses fautes, il pourra les corriger et mieux faire à l’avenir. C’est ce qu’on appelle «le growth mindset» ou «l’état d’esprit de croissance» en français.

Mieux vaut préparer les jeunes aux examens

Pour conclure, vaut-il mieux éliminer carrément les tests et les examens ou les réinventer? Est-ce en les supprimant qu’on préparera les élèves pour l’avenir?

Pas vraiment… Parce que, tôt ou tard, l’élève aura à passer un test ou un examen et n’y sera nullement préparé.

N’est-il pas plus logique de lui donner les outils dont il aura besoin pour réussir, non seulement ses tests et ses examens, mais aussi et surtout sa vie?

Auteur

  • Michèle Villegas-Kerlinger

    Chroniqueuse sur la langue française et l'éducation à l-express.ca, Michèle Villegas-Kerlinger est professeure et traductrice. D'origine franco-américaine, elle est titulaire d'un BA en français avec une spécialisation en anthropologie et linguistique. Elle s'intéresse depuis longtemps à la Nouvelle-France et tient à préserver et à promouvoir la Francophonie en Amérique du Nord.

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