Les premiers ministres presque unis face à Trump

Feuilleton de la Colline

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Tim Houston, Doug Ford, Justin Trudeau, Dominic LeBlanc. Les premiers ministres du Canada se sont entendus pour garder toutes les options ouvertes pour répondre aux menaces économiques américaines. Seule l’Alberta tient à protéger ses exportations de pétrole. Photo: Inès Lombardo, Francopresse
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Publié 17/01/2025 par Inès Lombardo

Cette semaine sur la Colline parlementaire à Ottawa: les provinces et les territoires unis – ou presque – face aux menaces économiques américaines, rebondissements dans la course à la chefferie libérale, et 1,3 milliard $ pour renforcer les contrôles à la frontière avec les États-Unis.

Menace américaine: l’Alberta tourne le dos au front commun

Deux thèmes étaient sur la table lors de la réunion du Conseil de la fédération, mercredi: renforcer les liens avec États-Unis et consolider le pouvoir de pression canadien sur l’économie américaine face aux menaces économiques du président désigné Donald Trump.

Tous les premiers ministres ont joué la carte de l’unité, Doug Ford à leur tête, l’actuel président du Conseil et premier ministre de l’Ontario.

Ce dernier a assuré, aux côtés du premier ministre canadien Justin Trudeau, que le Canada n’allait pas appliquer de tarifs douaniers sur les produits en provenance des États-Unis avant que Donald Trump ne mette ses menaces à exécution.

Aucun plan détaillé n’a été révélé, excepté une volonté de rassurer les Canadiens face aux menaces tarifaires et d’annexion économique de Donald Trump faites au cours des dernières semaines.

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L’ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, et le premier ministre du Québec, François Legault. Photo: Inès Lombardo, Francopresse

L’Alberta en solo

Toutefois, l’absence de la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, à la table a attiré l’attention.

La première ministre de la province productrice de pétrole n’a pas approuvé le communiqué conjoint publié après la réunion, qui stipule que le Canada est uni dans une réponse qu’Ottawa livrera «étape par étape», a expliqué Justin Trudeau, si Donald Trump met ses menaces à exécution.

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Susan Holt du Nouveau-Brunswick, R. J. Simpson des Territoires du Nord-Ouest, Ranj Pillai du Yukon, lors de la conférence de presse du Conseil de la fédération. Photo: Inès Lombardo, Francopresse

Interrogé sur le désaccord de l’Alberta, le premier ministre a répondu, en conférence de presse: «On est tous unis sur le fait qu’il faut répondre de façon robuste. […] Par rapport au communiqué, il faudrait que vous demandiez à Mme Smith pourquoi elle n’a pas voulu le signer. Nous sommes tous d’accord et je ne sais pas quel sera l’élément avec lequel elle serait en désaccord.»

Le secteur de l’automobile est le premier visé par le président Trump, pas le pétrole albertain, a assuré Justin Trudeau. «Vous n’entendez pas Doug Ford dire que, peu importe ce qui arrive, nous devons protéger [notre économie provinciale, NDLR] aux dépens des autres secteurs», a ajouté le premier ministre dans une flèche à Mme Smith.

Doug Ford a précisé: «Je respecte la première ministre Smith. Je respecte qu’elle ait des préoccupations sur la protection de son énergie. C’est son choix. Mais aucune province ou territoire ne sera exempt de ça. Rappelez-vous une chose, “Unis nous résistons, divisés nous tombons”.»

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Scott Moe, premier ministre de la Saskatchewan, veut des sanctions plus sévères contre les États-Unis, mais a lui aussi mis de côté son point de vue pour faire place à l’unité canadienne. À g.: Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok. À d.: Le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King. Photo: Inès Lombardo, Francopresse

«La fierté canadienne»

«J’espère qu’il y a du pride canadien dans le fait que vous pouvez avoir des libéraux et des conservateurs et des démocrates et des leaders non partisans qui se rassemblent pour se battre pour vos emplois et votre façon de vivre», a de son côté déclaré le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew.

Justin Trudeau a également affirmé qu’un plan pour soutenir économiquement les secteurs touchés était en développement.

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Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a emboîté le pas à Doug Ford et Justin Trudeau sur le sentiment de «fierté canadienne». Photo: Inès Lombardo, Francopresse

Chefferie libérale: renoncements et candidatures

Le ministre François-Philippe Champagne a renoncé à se lancer dans la course à la chefferie libérale. Il avait demandé que le bilinguisme fasse partie intégrante de la course.

Toujours dans la liste des désistements, Christy Clark a déclaré sur son site Web, en anglais uniquement : «J’ai travaillé dur pour améliorer mon français, mais je ne suis pas encore au niveau où il faut être.»

L’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique a menti lors d’une entrevue à CBC (en anglais uniquement), où elle disait ne jamais avoir été membre du Parti conservateur. Les preuves du contraire ont vite été débusquées. Elle a ensuite dit s’être «mal exprimée».

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Christy Clark ne sera pas de la course à la chefferie libérale. Photo: Flickr – CC BY-NC-SA 2.0

Des candidatures officielles

Mark Carney a déclaré sa candidature à Edmonton, en Alberta, jeudi, dans un discours en anglais et en français, qu’il a surtout lu.

«Notre temps est tout sauf ordinaire», a-t-il lancé, dans les deux langues. «Trop de gens sont laissés de côté, trop de jeunes, trop de personnes n’ont pas accès aux médecins.»

Tout en se positionnant comme un adversaire de Donald Trump, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada en a profité pour critiquer le chef du Parti conservateur .

«Je vous donne une grosse différence entre Pierre Poilievre et moi: tandis que je me concentre sur l’importance de bâtir l’économie, il cherche le soutien de Donald Trump et Elon Musk.»

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Ce n’était plus un secret depuis des jours que Mark Carney lancerait sa candidature jeudi. Photo: Simon Dawson, Bloomberg, CC BY-ND 2.0

Son ton s’est voulu rassurant sur l’économie, lui qui dit «bien connaître les marchés».

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«Quand ils sont bien gérés, ils livrent les emplois et la croissance mieux que quiconque. Mais les marchés sont indifférents envers la souffrance humaine. S’ils sont mal gérés, ils vont livrer une richesse énorme à quelques chanceux.»

«On va gagner», a-t-il conclu, en anglais.

Vendredi, l’ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland, a aussi annoncé sur X qu’elle lancera sa campagne dimanche.

La ministre Karina Gould est aussi pressentie comme candidate, mais n’a pas encore officialisé sa campagne.

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Chrystia Freeland dit se lancer pour «défendre le Canada», une référence aux menaces de tarifs douaniers de Donald Trump. Photo: capture d’écran

Ottawa renforce les contrôles à la frontière

En conférence de presse mercredi, les ministres d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Marc Miller, et de la Sécurité publique, David McGuinty, ont annoncé qu’Ottawa renforce actuellement la sécurité frontalière.

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L’enjeu: Des mesures ont été prises pour réduire les entrées illégales et la fraude, améliorer l’échange d’informations et augmenter les renvois de demandeurs d’asile non admissibles.

Un budget de 1,3 milliard $ vise à augmenter la surveillance, avec l’utilisation de drones, de tours et de nouvelles technologies.

Des ressources supplémentaires sont déployées pour répondre aux besoins futurs. Des efforts coordonnés avec les provinces et territoires soutiennent ces initiatives.

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S’il est élu, Pierre Poilievre supprimera la taxe fédérale sur les gains en capitaux qui, selon le gouvernement Trudeau, aurait rapporté 19 milliards de dollars sur cinq ans. Photo: capture d’écran

Pas de taxe sur les gains en capitaux, promet Pierre Poilievre

Lors d’une conférence de presse en Colombie-Britannique, jeudi, le chef du Parti conservateur du Canada a déclaré qu’il abolira l’augmentation du taux sur les gains en capitaux.

La cible: La mesure annoncée par les libéraux lors du budget vise les gains en capital annuels dépassant 250 000 $ issus de la vente d’actifs, comme des actions, des parts d’entreprise, des terres agricoles, des logements locatifs ou des chalets.

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Selon le gouvernement fédéral, ce changement rapporterait plus de 19 milliards $ sur cinq ans dans les coffres publics.

«Cette taxe libérale anti-emploi était une mauvaise idée avant la menace tarifaire du président Trump, elle est aujourd’hui une pure folie», a critiqué Pierre Poilievre, sur X.

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