Saviez-vous que le verbe «barguigner» n’est pas un anglicisme issu de «to bargain», mais plutôt un mot français du XIIe siècle? Que «caucus» n’est pas latin mais algonquin? Que les mots «canceller» et «mappe» ne sont pas des anglicismes, mais parfaitement français? Voilà ce que nous apprend Hubert Mansion dans Les trésors cachés du français d’Amérique.
Les articles et les livres fustigeant la langue parlée d’ici et dénonçant les «québécismes familiers» ou les violations du «français international» sont monnaie courante. Or les mots bannis sont souvent «porteurs d’une histoire particulière et différente», selon Mansion.
J’ai souvent corrigé des gens qui disaient «canceller» au lieu d’«annuler». Or, ce verbe français remonte à la Renaissance et le Littré le définit comme un vieux terme de jurisprudence signifiant «annuler une écriture». Et le mot «bacon» a désigné le lard en France dès le XIe siècle.
Faux anglicismes
Hubert Mansion note qu’«une énumération complète des faux anglicismes que dénoncent, pour le bien de la langue, ceux qui n’en aiment que les règles, prendrait des heures, puisque les deux tiers du vocabulaire anglais proviennent du français».
Le verbe «chicaner» est attesté dès 1461 chez François Villon. Il signifie alors, dans le langage des bandes de malfaiteurs, «poursuivre en justice». Le mot évolue par la suite vers le sens de «chercher querelle pour des vétilles». Au XVIIe siècle, il passe en anglais (to chicane, chicanery), en allemand (schikane) et en suédois (chikan).