Il semble bien difficile de nommer une femme «géniale», inspirante pour les femmes, lorsqu’on parle de génie : l’ombre masculine plane encore.
«J’ai honte de l’avouer», indique Ketra Schmitt, professeure associée du Centre for Engineering in Society de l’Université Concordia, «mais nous sommes conditionnées contre l’utilisation de ce terme pour les femmes, et cela a de nombreuses répercussions, des lettres de référence jusqu’à l’évaluation de l’enseignement.»
Moins de 20%
Depuis 30 ans, les programmes de sensibilisation auprès des jeunes filles se multiplient, pourtant le pourcentage de participation des filles aux études en génie demeure faible, soit environ 20%, a répété la chercheuse au colloque sur Le génie par et pour des femmes : rompre avec le déséquilibre femmes-hommes en génie qui se tenait le 8 mai dans le cadre du Congrès de l’ACFAS.
Entre 2016 et 2017, sur 2719 nouveaux ingénieurs qui ont joint les rangs de l’Ordre des ingénieurs du Québec, seulement 541 étaient des femmes — on parle même de 14% pour l’ensemble de la profession. Ils sont rares, les programmes de génie universitaire où la participation des femmes dépasse ce taux, quoique le génie chimique et biomédical ait la cote chez les filles.
Adapter le travail à la femme
«Elles ont pourtant un grand intérêt pour le génie. Alors, notre hypothèse est que le travail et leurs conditions doivent s’adapter pour les attirer en plus grand nombre», relève Donatille Mujawamariya, professeure de la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa et coorganisatrice du colloque.