Les cloches d’église ont eu à toutes les époques une signification culturelle qui débordait leur stricte utilisation pour le culte. C’est en passant par l’histoire, l’identité et la création artistique qu’elles résonnent dans la culture du Québec. Tel est l’avis de François Mathieu qui signe Les Cloches d’église du Québec: sujets de culture. C’est un ouvrage qui démontre le potentiel expressif et symbolique de ces biens d’église qui font partie du patrimoine matériel québécois.
C’est le pape Sabinien (604-606) qui a introduit les cloches dans les églises. Deux ans plus tard, le concile d’Aix-la-Chapelle (801) décrète que la sonnerie des cloches est un acte sacré.
Dans nos villages catholiques, les cloches appellent à la prière dominicale, elles marquent aussi les naissances, les mariages et les sépultures. Il y a même une tradition pascale selon laquelle les anges prêtent leurs ailes aux cloches pour leur permettre de rendre visite au pape à Rome durant la Semaine sainte (les cloches restent muettes du Jeudi saint au Samedi saint).
François Mathieu note qu’en plus d’être des instruments liés au culte, voire des instruments de musique, les cloches elles sont parfois «des acteurs importants de l’histoire civile et politique».
On sait, par exemple, que la cloche Marguerite-Michel de l’église Saint-Denis-sur-Richelieu a joué un rôle significatif lors des rébellions de 1837-1838.
Les cloches se sont aussi fait entendre lors d’événements importants sans connotation religieuse; «pensons par exemple à l’époque de la Grande Guerre, quand elles ont maintes fois prévenus les jeunes gens de l’arrivée des agents de la conscription.»