Annie Ernaux écrit depuis plus de cinquante ans et a reçu de très nombreux prix littéraires. Pourtant, on n’a probablement jamais autant parlé d’elle que depuis octobre dernier, alors qu’elle était nommée récipiendaire du prix Nobel de littérature 2022.
Pour ceux qui, comme moi, la connaissent peu ou pas, il se trouve que de façon tout à fait fortuite un film concernant le début de sa carrière, mais aussi sa vie de femme, est actuellement présenté au cinéma Hot Docs à Toronto.
Du personnel à l’universel
Les années super 8 est un film documentaire d’une heure tiré des films de famille tournés de 1972 à 1981 par Philippe Ernaux, le mari d’Annie. On y voit une famille de jeunes trentenaires avec deux enfants qui grandissent et évoluent dans la France des années 70.
Le film, surtout sur grand écran, a la granularité et les couleurs un peu délavées des films super 8 amateurs. Organisé de manière chronologique, on y suit les Ernaux à travers leurs fêtes de Noël et leurs anniversaires, tout comme leurs déménagements et multiples voyages.
En même temps, il représente une période de profonds changements qui ont succédé aux mouvements de mai 68 et cherché à répondre aux besoins d’ouverture d’une nouvelle génération.