Les A. A. ou Auteurs Anonymes en panne d’inspiration

Suzanne Myre, Le sanatorium des écrivains
Suzanne Myre, Le sanatorium des écrivains, roman, Longueuil, Éditions L’instant même, 2022, 254 pages, 39,95 $.
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Publié 28/12/2022 par Paul-François Sylvestre

Le troisième roman de Suzanne Myre s’intitule Le sanatorium des écrivains. Étant auteur d’une cinquantaine de livres, j’ai été attiré par un ouvrage coiffé d’un tel titre. J’ai été vite décoiffé.

L’annonce d’un sanatorium pour «auteurs désespérés» en panne d’inspiration retient l’attention de Christian Granger, le narrateur. Il s’inscrit et est conduit les yeux bandés vers un site qui s’avère complètement secret.

Pseudonymes célèbres

Chaque autrice ou auteur inscrit doit adopter un pseudonyme qui est le prénom d’un écrivain connu décédé. Il opte pour Edgar (Allan Poe).

Ses collègues sont Arthur (Rimbaud), Agatha (Christie), Gabrielle (Roy), Daphné (du Maurier), Sylvia (Plath), Tatiana (de Rosnay), J. D. (Salinger), Lou (Andreas-Salomé), Beatrix (Potter) et Katherine (Mansfield).

Edgar apprend que Daphné est un caméléon, une usurpatrice d’identité, une fraudeuse qui enquête sur la disparition du célèbre David Foenkinos. Suzanne Myre crée ici «une pseudo-détective-pas-écrivaine-pour-deux-sous».

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L’écrivain est une bête de sexe

Le roman ne manque pas d’allusions lubriques, car il est « légendaire que l’écrivain est une bête de sexe, particulièrement quand il est frustré par une panne d’inspiration ».

Ou Edgar invente-il cette fable pour justifier sa démangeaison…? Chose certaine, il a tout du mésadapté socio-affectif.

On a droit à des logorrhées verbales, à des soliloques qui rendent fou. Les séances de discussion ressemblent à une réunion des A.A. Le caractère émotionnel des auteurs en difficulté de fécondation teinte leurs rapports. «L’écrivain en panne est une créature désespérée.»

Intrigue difficile à suivre

L’intrigue du roman est assez difficile à suivre, car chaque personnage semble tirer un mensonge de sa panoplie-pour-se-rendre-intéressant. Comme il faut un rebondissement, on finit par lire un roman de crime sur la personne, un peu tiré par les cheveux décoiffés.

Il y a ici et là quelques jeux de mots coquins. Lorsque quelqu’un dit «ce n’est pas de tes oignons, et tes oignons ne sont pas les miens», on lui répond «arrête de tout éplucher comme ça».

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La maison d’édition tente de nous faire croire que Suzanne Myre «signe un roman audacieux, ancré dans la réalité contemporaine du monde littéraire québécois vu à travers la lorgnette d’une autrice drôle, fine observatrice, légèrement cynique mais toujours prête à jouer le jeu de la fiction».

J’ai eu beaucoup de difficulté à embarquer dans cette galère.

Enfin, il y a des références à des auteurs contemporains du Québec, mais jamais la mention d’un écrivain de d’autres provinces canadiennes.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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