Les Éditions de La Martinière publient régulièrement des palmarès qui regroupent 50 personnes ou produits incontournables. À ce jour, la maison d’édition parisienne a présenté 50 couples incontournables, 50 femmes incontournables, 50 philosophes incontournables, 50 mythes incontournables et 50 films incontournables. Cette année, elle ajoute 50 romans incontournables. Ce choix est celui de Joachim Scholl, journaliste indépendant et critique littéraire allemand.
Qu’est-ce qu’un roman? C’est Theodor Fontane, romancier allemand, qui en donne une définition en 1875, définition qui vaut toujours aujourd’hui: «Un roman doit nous raconter une histoire à laquelle nous croyons.» Depuis que le genre humain existe, il a toujours aimé les histoires. Les épopées et les antiques légendes des dieux, écrites en vers, n’ont-elles pas constitué la plus noble des formes littéraires? Trois millénaires après l’Iliade et l’Odyssée, le roman Ulysse de James Joyce a retenu l’attention et l’admiration du monde moderne.
Le roman a longtemps eu la vie difficile. En Europe et pendant plusieurs époques, il n’avait pas bonne réputation. «Le terme vient de l’ancien français: au XIIe siècle, on appelait “roman” les récits populaires qui n’étaient pas rédigés en latin, langue des clercs, mais en lingua romana, la langue vernaculaire parlée dans le peuple.»
Jusqu’au XVIIIe siècle, le roman passa aux yeux des lettrés pour un genre vulgaire et subalterne, une littérature de bas étage et sans aucune valeur artistique, comparativement à la poésie et au théâtre. L’Église le voyait d’un très mauvais œil parce qu’il détournait les fidèles de la lecture d’œuvres pieuses.