Les 50 plus grands romans du XXe siècle

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Publié 22/08/2006 par Paul-François Sylvestre

Les Éditions de La Martinière publient régulièrement des palmarès qui regroupent 50 personnes ou produits incontournables. À ce jour, la maison d’édition parisienne a présenté 50 couples incontournables, 50 femmes incontournables, 50 philosophes incontournables, 50 mythes incontournables et 50 films incontournables. Cette année, elle ajoute 50 romans incontournables. Ce choix est celui de Joachim Scholl, journaliste indépendant et critique littéraire allemand.

Qu’est-ce qu’un roman? C’est Theodor Fontane, romancier allemand, qui en donne une définition en 1875, définition qui vaut toujours aujourd’hui: «Un roman doit nous raconter une histoire à laquelle nous croyons.» Depuis que le genre humain existe, il a toujours aimé les histoires. Les épopées et les antiques légendes des dieux, écrites en vers, n’ont-elles pas constitué la plus noble des formes littéraires? Trois millénaires après l’Iliade et l’Odyssée, le roman Ulysse de James Joyce a retenu l’attention et l’admiration du monde moderne.

Le roman a longtemps eu la vie difficile. En Europe et pendant plusieurs époques, il n’avait pas bonne réputation. «Le terme vient de l’ancien français: au XIIe siècle, on appelait “roman” les récits populaires qui n’étaient pas rédigés en latin, langue des clercs, mais en lingua romana, la langue vernaculaire parlée dans le peuple.»

Jusqu’au XVIIIe siècle, le roman passa aux yeux des lettrés pour un genre vulgaire et subalterne, une littérature de bas étage et sans aucune valeur artistique, comparativement à la poésie et au théâtre. L’Église le voyait d’un très mauvais œil parce qu’il détournait les fidèles de la lecture d’œuvres pieuses.

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Les protestations moralisantes ont cependant eu peu d’effet car de plus en plus de gens savaient lire et n’entendaient pas se laisser imposer leurs lectures. Les romanciers prirent progressivement conscience de leur importance et de leur valeur; ils racontèrent bientôt des histoires ambitieuses et exigeantes. Le roman Robinson Crusoe de Daniel Dafoe devint le premier best-seller international.

Goethe connut un succès retentissant en 1774 avec Les Souffrances du jeune Werther. Au XIXe siècle, le roman devint la discipline royale des lettres avec Balzac, Flaubert, Zola, Dickens, Fontane, Tolstoï ou Dostoïevski. Au XXe siècle, le roman devient plus exigeant envers le public. «Le “roman intérieur” à la Virginia Woolf ou à la James Joyce se révèle un voyage dans le cerveau des créatures comme vous et moi, incluant la trivialité quotidienne de ses soucis et de ses espérances.»

Selon Joachim Scholl, les romans actuels ressemblent bien souvent à cette époque qui est la nôtre: ils sont égoïstes, contradictoires et chaotiques. Mais c’est précisément ce qui les rend fascinants. Malgré les bizarreries et les contorsions de maints romans modernes, les lecteurs persévèrent. «Aucun autre genre littéraire n’est autant apprécié: (…) les chiffres des tirages et des ventes attestent, chez le public, une véritable fringale d’histoires que seul le roman peut satisfaire. On en écrit et on en écrira encore beaucoup.»

C’est ce qui rend difficile la tâche de faire une sélection de 50 ouvrages incontournables. Joachim Scholl s’est vu imposer une mission impossible et a été forcé de limiter son choix à un corpus essentiellement occidental. Il présente ses excuses aux passionnés des littératures africaines, asiatiques, sud-américaines (avec l’exception de Garcia Marquez), indienne et australienne. Il a dû renoncer aussi aux romans policiers, au fantastique et à la littérature pour la jeunesse. Fifi Brindacier, L’Histoire sans fin et Solaris constituent les seules exceptions à cette règle.

Quels critères Joachim Scholl s’est-il imposés? «Il fallait des romans qui se soient dépassés eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils aient acquis une popularité transcendant les frontières de leur genre.» Voici les dix titres qui figurent en tête de liste du palmarès établi par Scholl: Lord Jim de Joseph Conrad, Les Buddenbrook de Thomas Mann, À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, Le Sujet de Heinrich Mann, Le Brave Soldat Chvéïk de Jaroslav Hasek, Ulysse de James Joyce, La Conscience de Zeno d’Italo Sveno, Les Faux-Monnayeurs d’André Gide, Le Procès de Franz Kafka et Mrs. Dalloway de Virginia Woolf.

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Parmi les quarante autres titres primés, on retrouve L’Amant de Lady Chatterley (D.H. Lawrence), Tropique du Cancer (Henry Miller), Auto-da-fé (Elias Canetti), Lolita (Vladimir Nabokov), Sur la route (Jack Kerouac), Une journée d’Ivan Denissovitch (Alexandre Soljenitsyne), Cent ans de solitude (Gabriel Garcia Marquez), Le Monde selon Garp (John Irving), Le Nom de la rose (Umberto Eco) et Les Enfants de minuit (Salman Rushdie).

L’ouvrage de Joachim Scholl présente chaque titre en quatre ou cinq pages, fournit un portrait de l’auteur et, le cas échéant, une photo tirée de l’adaptation cinématographique de l’œuvre en question.

On a droit aussi à une fiche technique sur la vie et l’œuvre de l’auteur, ainsi qu’à une bibliographie. En annexe, on nous offre un petit glossaire de la critique littéraire, une description des principaux prix littéraires nationaux et internationaux, ainsi que la liste des Prix Nobel de littérature (1901-2005).

Joachim Scholl, Les plus grands romans du xxe siècle, traduit de l’allemand par Denis-Armand Canal, Éditions de La Martinière, Paris, 280 pages.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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