Personnage qu’on retrouve dans plus d’un roman d’Antonio D’Alfonso, Fabrizio Notte a séduit une kyrielle de femmes dans l’espace de trois décennies. Les a-t-il toutes aimées? L’ont-elles toutes aimé? Chacune a droit de parole dans le roman L’aimé.
L’ouvrage est composé de 25 chapitres, tous coiffés d’un nom de femme différent, de Hariette à Dervla, en passant par Ofra, Esther, Ulrike, Véronique, Pensée, Nancy, Iris, Yusra et j’en passe une quinzaine. De 1974 à 2007, ces femmes d’origines diverses – Italie, France, Allemagne, Pologne, Espagne, Iran, Mexique, Liban – se sont succédédans la vie du cinéaste montréalais Fabrizio Notte. À travers leurs témoignages, nous découvrons les multiples facettes de celui qu’elles nomment Fabrizio, Brizio, Fabi ou Fabrice.
La plume d’Antonio d’Alfonso trempe tour à tour dans l’encre poétique, ironique, romantique, laconique. Il a parfois recours à des jeux de mots, comme dans ce commentaire de Jade: «Fabi se montra impuissant, et bien malhabile. Incapable de lui offrir la moindre tendresse physique, il n’a pas été à la hauteur.» Bianca, elle, est d’un tout autre avis. Elle note comme Notte aimait se vanter en disant que «l’amitié, la vraie, n’est pas ébranlée par les petits aléas de la vie quotidienne». Il oubliait cependant de préciser que ces petits aléas incluaient des escapades adultères.
Au dire d’Ofra, la culpabilité est un terme qui définit bien Fabrice. «Il se sentait toujours en faute.» Pour Esther, la vie avec Notte était une boîte à surprise. «Jamais une seconde d’envie.» Quant à Sabina, la vie de cet homme peut se résumer de manière lapidaire: «bises bises, pelotages pelotages».
Le regard de Mariella se veut un peu plus profond et plus détaillé. En rétrospective, elle constate que Brizio était un homme complexe, plein de talent, curieux de tout, que rien n’effrayait. Il avait cependant cette manie de dresser des obstacles, «comme preuve d’amour, pour que son amie les saute».Elle ratait évidemment son coup et tout s’écroulait. C’est comme ça que Brizio «clôturait à jamais le jardin de son cœur».