L’emprisonnement de Maher Arar pendant un an, sa torture en Syrie et les multiples efforts en vue de sa libération ont défrayé les manchettes pendant presque deux ans. Ce qui est moins connu demeure le combat livré par son épouse, Monia Mazigh. Elle nous le raconte, à la fois avec sobriété et ferveur, dans Les Larmes emprisonnées.
Épouse, mère de deux enfants, Monia Mazigh a vécu un cauchemar entre le 26 septembre 2002 et le 5 octobre 2003. Pourquoi alors vouloir déterrer les cendres d’un incendie émotif? Pour comprendre les changements qui se sont passés, «y réfléchir, les analyser et finalement savoir comment les accepter».
Monia Mazigh est née en Tunisie, vit au Canada depuis 1991 et détient un doctorat en finances de l’Université McGill. Résidant à Ottawa, elle a toujours rêvé d’enseigner dans un département de gestion. Mais la situation change et son défi frôle désormais l’impossible. «Avec un mari soupçonné de terrorisme, jeté dans une prison syrienne à des milliers de kilomètres, deux enfants sur les bras, un climat politique et social de peur et de paranoïa, pouvais-je réussir?»
Diplôme en main, capable d’enseigner dans les deux langues, elle ne peut même pas dénicher un poste à l’Université d’Ottawa. L’épisode «Maher Arar» n’est pas sans soulever des questions sur notre système de justice «bâti sur le respect des lois et non sur l’arbitrage». Maher Arar représente-t-il un cas isolé ou le sacro-saint principe de la présomption d’innocence est-il en train de s’effriter?, se demande l’épouse éplorée.
«Je n’arrive toujours pas à croire comment un citoyen canadien, qui a quitté son pays natal à l’âge de dix-sept ans (…), peut être déporté dans un pays où il n’a plus remis les pieds depuis quinze ans, être jeté en prison, interrogé en long et en large, et se voir refuser tout accès à un procès juste et équitable.»