Léonard de Vinci à Londres

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Publié 10/01/2012 par Gabriel Racle

La National Gallery de Londres a organisé une exposition consacrée à Léonard de Vinci, qui se poursuit jusqu’au 5 février 2012. Elle se concentre sur la période où de Vinci était au service du duc de Milan, Ludovico Sforza, dit le More, vers la fin du XVe siècle, d’où le titre de l’exposition: Leonardo da Vinci: Painter at the Court of Milan.

Une exposition exceptionnelle

L’exposition de Londres a ceci d’exceptionnel que le musée londonien a réussi à réunir neuf de la quinzaine de tableaux de l’artiste qui nous restent sur la vingtaine qu’il a sans doute produits. Comme le souligne le directeur de la National Gallery, Nicholas Penny, c’est «le plus grand nombre jamais rassemblé au même endroit».

La Joconde ne s’y trouve pas, le Musée du Louvre considérant que le panneau en bois sur lequel elle est peinte est trop fragile. Mais certaines œuvres n’avaient jamais quitté leur musée. «C’est un grand triomphe de la diplomatie», dit Nicholas Penny. Du jamais vu!

Des œuvres à découvrir

Ce qui retient d’abord l’attention, ce sont évidemment les tableaux du maître, mais ils sont accompagnés de nombreux dessins d’une très grande précision, à la base de toutes ses œuvres, qui en montrent la préparation soignée. De Vinci était minutieux, ce qui peut expliquer le petit nombre de ses tableaux et le fait qu’il n’arrivait pas toujours à les achever.

Une soixantaine de dessins, à la pointe sèche, à la plume ou au crayon et à l’encre sur papier complètent la présentation des tableaux, avec quelques œuvres de ses contemporains, comme Marco d’Oggiono, Antonio Boltraffio, son plus brillant élève de Milan. Au total, ce sont plus de 90 réalisations que présente l’exposition.

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Si l’on ne peut aller à Londres visiter cet ensemble remarquable, et il paraît que l’on s’arrache les billets et que les entrées disponibles chaque jour sont délivrées au compte-goutte, le livre qui l’accompagne permet de s’en faire une idée précise et détaillée, grâce à ses reproductions et ses textes d’accompagnement.

Un ouvrage à la hauteur

Leonardo da Vinci, peintre à la cour de Milan, Londres, National Gallery Company, 24×32 cm, 304 p., broché, près de 200 illustrations en couleur, 25 £. Telle se présente la version française de ce livre d’art. Il existe aussi une version anglaise, toutes deux disponibles en format relié, 40 £.

L’ouvrage s’ouvre par deux études portant l’une sur les 18 années passées par Léonard de Vinci à Milan et l’autre sur la perfection qu’il recherche dans sa peinture.

Vient ensuite une partie très intéressante, le catalogue, c’est-à-dire la présentation de chaque tableau de Léonard, et même de quelques-uns de ses contemporains ou élèves, avec une reproduction en couleur et un texte, des dessins, des gros plans de certains détails, selon le cas.

La série s’ouvre par un portrait du duc Ludovico Sforza, par Ambrogio de Predis (1496-99), à la fois pour nous présenter le duc, mais aussi l’art du profil qui prévalait alors.

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C’est un superbe profil peint par Léonard qui se présente ensuite Le Portrait d’un jeune homme dit aussi Le Musicien (1486-87), l’unique portrait inachevé d’homme réalisé par de Vinci.

Le profil de trois quarts, suggère, par le mouvement des lèvres et la partition dans la main, que le chanteur termine son récital: une peinture naturaliste. Ses élèves s’en inspireront, comme le montre un portrait de Boltraffio.

Portraits de femmes

Deux remarquables portraits de femmes font se rencontrer les deux maîtresses du duc de Milan, Cecilia et Lucrezia. Cecilia Gallerani, c’est La Dame à l’hermine (1489-90), qui orne aussi la couverture du livre.

On regarde ce portrait, de style très moderne, comme le chef-d’œuvre de ces années milanaises. Il faut admirer le mouvement de côté de la silhouette et l’expression du visage. Pour de Vinci, l’hermine est un symbole de pureté et de modération. Elle apparaît dans un dessin de 1489-94.

Lucrezia Crivelli, c’est La Belle Ferronnière (1493-1454), dont un critique dit que ce «portrait est le plus époustouflant de tous, Joconde incluse. Sur une gamme assourdie, Vinci a rendu magistralement l’ondulation du corps, l’inclinaison de la tête et l’inspiration du regard».

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Autres œuvres

On peut voir encore un grand Saint Jérôme inachevé, les deux versions de la Vierge aux rochers, réunies pour la première fois (Louvre et National Gallery), La Madonna Litta, La Madone au fuseau et Salvator Mundi (1499), un tableau du Christ considéré perd pendant des siècles et retrouvé en 2005. La Cène, qui se trouve sur le mur d’un couvent de Milan est évoquée par de nombreuses études et une copie.

La richesse des œuvres réunies à Londres «entend offrir une vision complète de l’art pratiqué par Léonard durant sa période milanaise. Ses recherches picturales s’inscrivent alors pleinement dans le courant du renouveau de l’art amorcé dans l’Italie du XVe siècle».

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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