Lejeune et le blues

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Publié 01/04/2008 par Ulysse Gry

«Au feeling!» Assis à une table noire du Gate403, un vieux bar blues à l’ambiance tamisée et aux murs de briques portant les portraits des légendes du jazz, rue Roncesvalles, Philippe Lejeune parle de sa musique. Et de son concert du 26 mars, le seul arrêt torontois de sa tournée nord-américaine, improvisé pour l’occasion avec deux jeunots qu’il vient juste de rencontrer.

Aucune répétition, les deux découvrent les notes en même temps que nous et suivent le rythme effréné du piano de Philippe Lejeune. On entend la musique vivre, se chercher, se trouver, et finalement s’abandonner aux improvisations les plus folles.

Confiante dans une main gauche puissante et dévouée, la main droite du pianiste toulousain s’affole et court sur les notes. Une course endiablée et aérienne qui ne s’arrête pas de balancer au public un vieux «swing» qui sort tout droit des tripes de l’Amérique.

Ce Français (de Toulouse) amoureux de l’Amérique du Nord, encore un, tourne le plus possible de ce côté-ci de l’Atlantique. «Ici le public participe plus, est plus bruyant, explique-t-il. Les gens n’ont pas peur de montrer leurs émotions face à la musique.»

Défenseur d’un jazz «à l’ancienne», d’«une musique au départ de divertissement même si aujourd’hui elle est devenue un peu classique», il s’éclate sur le piano du bar en criant quelques indications à ses jeunes musiciens de circonstance. En réponse, le batteur canadien s’emballe tout d’un coup dans un solo fulgurant de plusieurs minutes.

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Toronto était cependant, à son regret, la seule ville canadienne de sa tournée.

Il cite pourtant comme influence le grand Jim Galloway, clarinettiste et saxophoniste, qui souffle son jazz au Canada depuis qu’il a émigré à Toronto dans les années 1960 (et qui est depuis 2002 chevalier des Arts et des Lettres de la France, pour son apport à la culture française).

De toutes ses influences, il crée ses propres compositions, et interprète à sa façon des grands classiques. «C’est ça qui est génial dans le jazz, chacun délivre ses propres interprétations.»

Quand on lui demande de qualifier lui-même sa musique, il énumère instinctivement: «soul-jazz-blues-boogie-woogie, bref, ça part dans tous les sens.»

Tout en privilégiant l’authenticité, il se balade librement sur les touches et explore les possibilités illimitées du jazz, qu’il a rencontrées en 1968 lors d’un concert du légendaire Memphis Smith.

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Depuis ce temps, il flirte en autodidacte entre jazz et blues, aujourd’hui l’un des fiers derniers pianistes de ce style.

Son nouvel et treizième album, Night Mist Blues, sortira en mai, sur le célèbre label français Black & Blue. En quartet avec une session de Boston et son guitariste de France, Philippe Lejeune venait de l’enregistrer dimanche 22 mars dans un studio de Boston.

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