«Au feeling!» Assis à une table noire du Gate403, un vieux bar blues à l’ambiance tamisée et aux murs de briques portant les portraits des légendes du jazz, rue Roncesvalles, Philippe Lejeune parle de sa musique. Et de son concert du 26 mars, le seul arrêt torontois de sa tournée nord-américaine, improvisé pour l’occasion avec deux jeunots qu’il vient juste de rencontrer.
Aucune répétition, les deux découvrent les notes en même temps que nous et suivent le rythme effréné du piano de Philippe Lejeune. On entend la musique vivre, se chercher, se trouver, et finalement s’abandonner aux improvisations les plus folles.
Confiante dans une main gauche puissante et dévouée, la main droite du pianiste toulousain s’affole et court sur les notes. Une course endiablée et aérienne qui ne s’arrête pas de balancer au public un vieux «swing» qui sort tout droit des tripes de l’Amérique.
Ce Français (de Toulouse) amoureux de l’Amérique du Nord, encore un, tourne le plus possible de ce côté-ci de l’Atlantique. «Ici le public participe plus, est plus bruyant, explique-t-il. Les gens n’ont pas peur de montrer leurs émotions face à la musique.»
Défenseur d’un jazz «à l’ancienne», d’«une musique au départ de divertissement même si aujourd’hui elle est devenue un peu classique», il s’éclate sur le piano du bar en criant quelques indications à ses jeunes musiciens de circonstance. En réponse, le batteur canadien s’emballe tout d’un coup dans un solo fulgurant de plusieurs minutes.