Daniel Castillo Durante a été finaliste du Prix Christine-Dumitriu-Van-Saanen pour son roman intitulé La passion des nomades. L’auteur d’origine argentine enseigne les lettres françaises à l’Université d’Ottawa depuis une dizaine d’années. Pour lui, la fiction littéraire est un lieu dans lequel l’amour et la mort peuvent encore, main dans la main, nous révéler la passion comme premier moteur de l’humain.
Le roman primé s’ouvre sur le meurtre du consul argentin à Montréal. Son fils Gabriel apprend la nouvelle et s’envole vers la métropole québécoise dans l’espoir de comprendre ce qui s’est passé. Il rencontre des gens de diverses origines culturelles, ce qui n’est pas surprenant puisque l’auteur s’intéresse aux rapports conflictuels qui existent entre l’étranger et la société d’accueil. Gabriel rencontre surtout Ana, dernière maîtresse de son père, dont il s’éprend assez rapidement.
Le lecteur apprend assez tôt que les relations entre le père assassiné au Québec et le fils nouvellement arrivé à Montréal, étaient tantôt froides, tantôt tendues. D’après le consul, «le malentendu était le seul lien possible entre père et fils». Cette formule imaginée par l’auteur illustre bien son style finement ciselé.
Daniel Castillo Durante a développé le goût pour les expressions décapantes. Il écrit, par exemple, que «se servir exclusivement d’une langue, c’est se condamner à faire l’amour avec une seule femme». Durante prend plaisir à jouer avec les mots, ce qui le pousse à lancer ce commentaire on ne peut plus suave: «j’ai passé une nuit blanche avec une Noire dans mon lit».
Revenons aux protagonistes du roman. Lorsque Gabriel apprend qu’Ana et son père n’ont jamais été faits «l’un pour l’autre mais plutôt l’un contre l’autre», il veut l’épouser. Il est prêt à dire le fameux «Oui, je le veux, jusqu’à ce que la mort nous sépare». Mais pour Ana, qui a une conscience criminelle, Gabriel se trompe, car c’est la mort qui unit le fils à l’ex-maîtresse. Qu’on le veuille ou non, tout n’est-il pas question de stratégie en amour? C’est bien ce qui semble se passer dans cette étrange relation sur laquelle planent les tisons de l’amour et les braises de la mort.