L’École nationale de cirque recrute à Toronto

De la passion, avant toute chose!

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Publié 18/12/2007 par Aline Noguès

L’École nationale de cirque (ÉNC) est à la recherche de nouveaux talents. En dénichera-t-elle à Toronto? Réponse le 7 février prochain, date à laquelle l’ÉNC tiendra des auditions dans la Ville-Reine. Pour les artistes en herbe désireux de postuler, la date limite de dépôt de dossier est le 18 janvier.

Née en 1981 à Montréal, l’ÉNC a acquis une réputation enviable dans le monde du cirque. Au fil des ans, elle s’est progressivement développée pour s’intégrer finalement à la Cité des arts du cirque -la célèbre Tohu bien connue des Montréalais- qu’elle a fondée avec le Cirque du Soleil et En Piste, le regroupement national des arts du cirque.

L’ÉNC accueille aujourd’hui près de 140 élèves de tout âge et de toute nationalité. Un tiers des élèves vient d’ailleurs: de Suède, France, Belgique, Suisse, Mexique, Allemagne, États-Unis… L’ÉNC est la seule grande école de cirque d’Amérique du nord et propose des programmes qui s’adressent aussi bien à des enfants de 9 ans qu’à des étudiants plus âgés.

Chaque année, l’école reçoit près de 200 candidatures, mais les heureux élus sont peu nombreux: 25 au niveau collégial, une dizaine au secondaire. Mais cela varie d’une année à l’autre selon le potentiel des jeunes.

Autant dire qu’il faut être bien préparé au moment de passer les auditions! Comme l’explique Marie-Pier Turgeon, assistante aux communications à l’ÉNC, «les candidats ont déjà une expérience dans un domaine artistique. Ce sont des enfants ou des jeunes qui viennent de la danse, de la gymnastique, des sports acrobatiques comme le patinage artistique, des arts martiaux…

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Le jour de l’audition, les candidats doivent passer une série d’épreuves physiques (acrobatie, flexibilité, force physique) et artistiques (danse, jeu théâtral). Ils doivent enfin présenter pendant trois minutes leur propre numéro, dans leur discipline de prédilection, pour démontrer leur créativité ou encore leur présence sur scène.

Mais une fois admis, l’élève devra encore faire ses preuves, comme le rappelle Marie-Pier Turgeon: «Il faut des élèves disciplinés et passionnés, pour tenir le coup face au nombreuses heures d’entraînement. C’est vraiment une formation très exigeante.»

Très exigeante certes, mais efficace, si l’on se fie aux statistiques de l’école: 95% des étudiants obtiennent rapidement un contrat à la sortie de l’ÉNC. «Il existe actuellement une pénurie d’artistes de cirque dans le monde. Les compagnies ont confiance dans l’école, et recrutent nos élèves lors du spectacle annuel de fin d’année. Nos élèves sont recherchés par des compagnies comme le Cirque du Soleil, Les 7 doigts de la main, le Cirque Eloize, sans parler des compagnies européennes! Certains s’engagent donc dans de grands cirques, d’autres font du cabaret en Allemagne, d’autres encore, préférant les arts de la rue, feront la tournée des festivals…»

Évidemment, la formation coûte plus cher qu’une formation classique (3 500 $ par an pour les Canadiens et résidents permanents et 5 000 $ pour les étrangers) mais cela ne semble pas décourager les apprentis artistes, ni leurs parents! «Nous avons de plus en plus d’élèves qui commencent dès leur plus jeune âge. Cela permet d’ailleurs de former un plus grand bassin d’artistes qui atteindront un niveau encore plus haut.»

Fière de son succès, l’ÉNC ne se repose pas pour autant sur ses lauriers et s’avance dans la voie d’une création artistique plus diversifiée. Pour cela, l’école évite d’apposer sa propre empreinte sur les élèves mais les pousse plutôt à innover, comme l’explique Marie-Pier Turgeon: «Il est important que les élèves travaillent avec des conseillers artistiques dans divers domaines, pour aller vers une multidisciplinarité des arts de la scène, pour pousser plus loin leur recherche. Nous voulons montrer aux élèves des pistes de création, nous poussons chacun d’entre eux à se démarquer.»

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Le défi est de taille mais en 26 ans d’existence, l’ÉNC a déjà montré sa détermination à aller de l’avant!

Pour des précisions sur les modalités d’admission, consulter le site internet de l’École nationale de cirque: http://www.enc.qc.ca/admission

«Le cirque n’est pas une carrière, c’est une façon de vivre»

Masha Terentieva a 20 ans. Elle a passé son enfance à Saint Pétersbourg avant de s’installer avec sa famille à Toronto. Depuis 2005, la jeune contorsionniste suit le programme d’études collégiales en arts du cirque de l’ÉNC. Elle en est à sa dernière année. Sa spécialité? Le cerceau aérien.

L’Express: Qu’est ce qui vous a poussée à choisir cette voie?

Masha Terentieva: Je suis issue d’une famille proche du monde du cirque: pendant plusieurs années, mon père a été clown pour le spectacle Alegría du Cirque du Soleil. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser au cirque. Pendant ces tournées, j’étais d’ailleurs suivie par une professeure de contorsionnisme.

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J’ai ensuite étudié un an à Toronto à l’école de cirque Wonderful World of circus avant d’être acceptée à l’École nationale du cirque.

L’Express: Vous étiez jeune lorsque vous avez commencé votre formation. Étiez-vous sûre de vouloir suivre cette voie?

Masha Terentieva: Au début je doutais beaucoup. Le cirque me plaisait mais je pensais que ce n’était pas pour moi. Mais lorsque je suis arrivée à Toronto pour suivre des cours dans une école secondaire normale, j’ai réalisé que je pouvais faire des choses que d’autres ne pouvaient pas faire. Je me suis alors dit que si je travaillais fort, je pourrais y arriver.

Mon père ne voulait pas que je devienne acrobate, il trouvait cela trop dangereux pour la santé. Mais c’est ma passion et j’aime cette forme d’art qui inclut tout: la danse, le jeu scénique, la performance physique…

L’Express: À quoi ressemble une journée de cours à l’ÉNC?

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Masha Terentieva: La première année est assez basique. Nous suivons beaucoup de cours d’initiation à plusieurs arts du cirque: la danse, l’équilibre, le main à main… Les deuxième et troisième années sont beaucoup plus spécialisées: on travaille sa propre discipline.

Cette année, mes journées ressemblent à ceci: début des cours à 8h30 avec une heure et demie d’entraînement, puis deux heures de cerceau aérien avec mon propre entraîneur. La journée continue avec une heure d’exercices de flexibilité et d’étirements, puis une heure de préparation physique en salle de musculation. En fin de journée, on termine par des cours théoriques sur l’histoire du cirque, la gestion de carrière…

Les journées sont longues, parfois on peut travailler jusqu’à 12 heures de suite. C’est très fatigant mais cela en vaut la peine. Cela nous donne beaucoup de professionnalisme.

L’Express: Quels sont vos projets à l’issue de cette formation?

Masha Terentieva: J’aimerais jouer pour le Cirque du Soleil pendant quelques années puis peut-être faire du cabaret en Allemagne, ou me tourner vers le cirque traditionnel, participer à des festivals… Je verrai! Il y a quelques années, j’avais l’illusion que le Cirque du Soleil était le seul cirque intéressant, mais j’ai réalisé qu’il existait vraiment beaucoup de compagnies!

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L’Express: Ne regrettez-vous jamais votre choix de carrière?

Masha Terentieva: Pas du tout. Bien sûr, c’est souvent difficile. Tu dois t’impliquer entièrement, te donner à fond, tu sacrifies beaucoup de ton corps et de ton mental. Les entraînements sont exigeants et psychologiquement, c’est dur aussi: lorsque tu es fatigué tu dois te forcer et tu affrontes souvent la peur face au risque. Mais le cirque, ce n’est pas juste une carrière. C’est ma vie, c’est une façon de vivre.

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