Le vaste show du sexe

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Publié 01/05/2012 par Paul-François Sylvestre

«Distrayante, choquante ou excitante, la sexualité spectacle semble envahissante. Mais que nous dit-elle? Et que nous révèle-t-elle sur ceux qui la produisent ou la diffusent, mais aussi sur nous, son public?» Voilà les questions auxquelles Michel Dorais répond avec punch dans La sexualité spectacle.

Michel Dorais a 35 ans d’expertise dans le domaine de la sociologie de la sexualité. Communicateur aguerri, il est reconnu pour la sensibilité de ses observations et aussi pour son humour. Dans ce petit essai de 140 pages, il examine notre rapport même à la sexualité à travers un questionnement sur ses représentations dans le monde des médias, de la publicité et du divertissement.

En partant du principe que «choquer les gens est une façon efficace de retenir leur attention», Dorais montre comment la sexualité est parfois un art du cirque. Et comme on le sait, le bizarre doit autant flirter avec l’inédit qu’avec la transgression des interdits. «Ce qui ouvre sur tous les messages possibles, des plus réjouissants (on fait plus de place à la diversité sexuelle) aux plus sordides (les psychopathes semblent encore plus nombreux à la télé que dans la vraie vie).»

La recherche et/ou le maintien d’un corps parfait donnent lieu à toutes sortes d’exercices et de chirurgies, pas uniquement pour les mannequins ou vedettes de la chanson et du cinéma. La poupée Barbie est le modèle pour les filles. Le modèle G.I. Joe pour les garçons a, quant à lui, «décuplé sa taille et sa musculature pour parvenir à un gabarit que très peu de bodybuilders atteignent».

La nudité sert toutes les causes, y compris les œuvres caritatives. L’abondance des calendriers de nus en fait foi. Pompiers, sportifs, étudiants, retraités et même aspirants religieux se livrent à notre regard pour promouvoir des causes aussi variées que la lutte contre le cancer ou la pauvreté, les bibliothèques publiques, l’encouragement du sport, les grands brûlés et j’en passe.

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La publicité dans le monde de la mode vestimentaire joue constamment sur la sexualité spectacle, surtout en s’adressant aux jeunes. «Les vêtements les plus chers sont souvent ceux qui vêtent le moins.» Les jeans d’Abercrombie & Fitch se vendent à coup de stripteases. C’est à se demander «si le privilège de se dévêtir en public tout en restant chic devait se payer à prix fort.»

Michel Dorais se penche, entre autres, sur l’hypersexualisation des personnes âgées et note que c’est notre époque qui a le plus «corrigé les corps des femmes et des hommes leur vie durant».

L’acharnement thérapeutique et cosmétique permet presque de ressusciter. Un autre chapitre aborde la pornographie et démontre comment elle fascine en donnant exactement ce que la clientèle souhaite voir.

L’auteur fait aussi remarquer que «les censeurs participent souvent au spectacle qu’ils dénoncent. Il est en effet bien connu que le public demeure toujours curieux de (sa)voir ce qui a pu choquer les penseurs.»

Ce court mais sexy essai montre comment la sexualité spectacle tient de l’art du cirque, qu’elle se nourrit du scandale et de la censure, qu’elle se passionne pour le bizarre et le sensationnalisme, qu’elle fait de l’exhibitionnisme une vertu et de l’abolition de l’âge, un must. En soulevant la toile du plus grand chapiteau du monde pour en montrer les dessous, l’auteur nous fait voir d’un autre œil le vaste show du sexe.

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Michel Dorais, La sexualité spectacle, essai, Montréal, VLB éditeur, 2012, 144 pages, 21,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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