Deux étudiants de Ryerson ont investi la galerie Pierre-Léon de l’Alliance française avec l’idée de briser les tabous liés aux galeries d’art. Plusieurs centaines de photos sont accrochées au mur par de petites pointes et le spectateur est invité à choisir celle qu’il préfère afin de la remporter chez lui. Les clichés en noir et blanc de Benjamin Freedman et Aaron Friend Lettner ont été pris à Toronto et Édimbourg avant d’être rassemblés tant les parallèles entre les deux collections étaient surprenants.
Les deux camarades de classe à Ryerson ont participé au concours organisé par leur université et l’Alliance française de Toronto sans vraiment savoir comment allait s’organiser leur travail. Alors que Benjamin Freedman est à Toronto, Aaron Friend Letter passe un an à Édimbourg, en Écosse.
«Quand on a regardé nos photos, on a vu beaucoup de parallèles, alors que l’on n’avait pas de thèmes ni rien. Il y a des photos qui se ressemblent énormément », dit Benjamin, rencontré quelques minutes avant le vernissage de l’exposition Le spectateur pensif, qui fait partie du Festival Contact. Pour l’occasion, la galerie Pierre-Léon a été repeinte en gris foncé, pour mieux mettre en valeur le mur de photos des deux étudiants.
Des photos physiques
Sur une surface de liège, des centaines et des centaines de photos sont accrochées, toutes en noir et blanc, pour un rendu très sombre et très mélancolique. Pourtant les photos en elles-mêmes ne sont pas si ternes.
Les clichés ont tous été pris en 35 mm, un format qui attire les deux jeunes photographes, qui savent bien évidemment travailler en numérique quand il le faut.
«Moi j’aime les choses physiques, qu’on peut toucher, comme le film photo. J’aime l’esthétique des films et je préfère avoir mes photos dans des enveloppes chez moi, plutôt que dans un ordinateur. Et c’est une offre pour le public, touchez les photos, emportez-en une», explique Benjamin, qui a d’ailleurs une anecdote amusante à propos de l’exposition. «La première fois qu’on a installé les photos, un enfant est venu avec son père. Il allait toucher une photo et le père lui a dit ‘Non tu ne peux pas toucher, ici c’est une galerie d’art. Je lui ai dit que justement tout le but de l’exposition était qu’on puisse toucher les photos. On veut casser ce tabou des galeries où on ne peut rien toucher.»