Le pouvoir et la magie des langues

Lori Saint-Martin, Pour qui je me prends, récit, Montréal, Éditions du Boréal, 2020, 192 pages, 22,95 $.
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Publié 21/06/2020 par Paul-François Sylvestre

Plusieurs connaissent Lori Saint-Martin comme traductrice de plus de 120 livres de l’anglais vers le français, et imaginent qu’elle est sans doute Québécoise.

Son vrai nom est Lori Farnham et elle est née à Kitchener, Ontario. La traductrice-interprète-autrice vient de publier Pour qui je me prends, un ouvrage sur le pouvoir et la magie des langues.

Coup de foudre à dix ans

Lori Farnham a dix ans lorsqu’elle entend parler français pour la première fois. Le français devient dès lors «la langue de mon imagination, de mon souffle, la langue d’où surgit mon écriture. Mon ailleurs, mon ici, mon chez-moi.»

Son nom disait fille de, mais Lori Farnham voulait être fille de personne. Elle a la conviction de ne pas être à sa place. Kitchener, à son avis, «est le condensé de ce qui est moche, mesquin, bête, provincial». Elle s’imagine ailleurs, elle invente des histoires, «un nouveau soi qui évolue à sa guise».

L’amour du français donne à la jeune Lori des mots neufs, une peau neuve. Ça lui permet de se réécrire. Il est certain que c’est plus facile d’être comme tout le monde, mais cela conduit, dans son cas, à un cul-de-sac. Apprendre, utiliser et vivre la langue française comble et nourrit Lori.

Nouveau nom

C’est à l’Université Laval, en 1984, qu’elle choisit le nom Saint-Martin, au hasard d’un bottin téléphonique. Elle a 25 ans et sa vraie vie peut commencer. «J’ai déjà publié quelques articles avec mon vieux nom; je les raie de mon C.V.»

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Lori Saint-Martin parle et écrit couramment l’anglais, le français et l’espagnol. Son identité ne se résume à aucune de ses trois langues, car aucune, seule, ne le suffit.

Son identité «ne réside même pas dans la somme des trois; elle se trouve dans le fait de penser presque simultanément dans les trois, dans leur danse fluide, dans les mouvements entre».

Ignoreuse de frontières

Who do you think you are? Pour qui te prends-tu?, demandait sa mère. La réponse à cette question nous est donnée à la dernière page du récit: «Une passeuse de langues, une ignoreuse de frontières, une tisseuse de mots. Voilà pour qui je me prends. Voilà qui je suis.»

Avec Paul Gagné, Lori Saint-Martin a signé plus d’une centaine de traductions (Mordecai Richler, Margaret Atwood, Alistair MacLeod, Miriam Toews, Michael Ondaatje,) qui leur ont valu de nombreux prix. J’ai été un peu surpris de ne pas lire quelques propos sur cet important partenariat.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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