Le pognon de la prostitution

prostitution, Ksenia Potrapeliouk, Un métier comme un autre
Ksenia Potrapeliouk, Un métier comme un autre, essai, France, Éditions Libre, collection Femmes en lutte, 2023, 56 pages, 14,95 $.
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Publié 23/08/2023 par Paul-François Sylvestre

Rien ne prédestinait Ksenia Potrapeliouk à écrire Un métier comme un autre, pamphlet enflammé contre la prostitution et la société marchande. Son parcours n’est pas celui d’une écrivaine.

Née en Russie, Ksenia Potrapeliouk est diplômée de l’École d’ingénieurs de Limoges. Elle s’envole vers le Canada et étudie à l’École de technologie supérieure de Montréal. Elle y reste trois ans pour entamer une carrière professionnelle en tant qu’ingénieure technico-commerciale. De retour en France, elle s’installe à Limoges pour devenir… écrivaine.

Masseuse érotique à Montréal

La narratrice et personnage principal d’Un métier comme un autre est Florence, une masseuse érotique à Montréal. Une note en bas de page nous informe que Le Grand Prix de Formule 1 est notoirement connu pour porter à son paroxysme le tourisme sexuel dans cette métropole québécoise.

Les salons de massage érotique étaient un secret de polichinelle, parfaitement tolérés, à tel point que Montréal avait gagné le surnom de «Bangkok d’Amérique du Nord» en matière de commerce du sexe.

Florence se demande parfois si les clients pensent réellement que ses soupirs et ses cris de plaisirs sont sincères. S’ils sont assez cons pour s’imaginer qu’elle aime ça. «C’est dingue ce que les hommes peuvent se raconter comme âneries pour tranquilliser leur conscience.»

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Travailleuse du sexe

La masseuse ne se laisse pas violer. Elle offre un service et des hommes achètent ce service. «Elle n’était pas une pute: elle était travailleuse du sexe. Elle avait des horaires, un tarif, un catalogue de prestations.»

La travailleuse du sexe sait que pour les hommes qui la payent, «elle est au mieux un fantasme, au pire un réceptacle de haine et de mépris – mais en aucun cas un être humain».

Femme banale, timide et un peu fade, Florence travaille cinq jours par semaine depuis vingt ans. Son métier comme un autre lui a rapporté au fil des ans plus de trois millions de dollars. Elle a plongé dans la prostitution par nécessité, «mais elle restait par addiction à l’argent».

Millionnaire

Un système de quittances pour massage thérapeutiques ne lui permet pas de blanchir plus d’un dixième de ce qu’elle gagne. Florence ne déclare que 30 000 $ de revenus par an.

Le reste – plus de 2 millions $ en liquide – est disséminé dans plusieurs coffres-forts, qu’elle alimente régulièrement. Ces liasses de billets la font jouir. «J’aime le fric […]. Je ne sais pas gagner de l’argent autrement. Je suis une junkie du pognon.»

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Selon un vieil adage, la prostitution serait le plus vieux métier du monde, sous-entendant qu’il est vain de lutter contre puisqu’elle constituerait une facette inhérente à la nature humaine. Les premières prostituées recensées exerçaient en Mésopotamie dans un cadre sacré.

Pour Ksenia Potrapeliouk, la prostitution est plutôt une chose sordide, même lorsqu’elle se pratique sur une table de massage désinfectée.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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