Un des mystères du H1N1 fut la sévérité avec laquelle il a frappé – et même tué – des gens dans la force de l’âge. Blâmez la grippe saisonnière! Selon une étude parue récemment dans Nature Medicine, la banale grippe aurait en effet eu le résultat imprévisible de faire réagir tout de travers le système immunitaire des gens qui ont par la suite attrapé le H1N1.
Un rappel: tout virus entraîne chez nous, tout comme chez des animaux, la production d’anticorps qui, dès lors, se mettent à combattre l’ennemi. Même une fois le virus éliminé, les anticorps continuent de circuler dans le sang, et c’est ainsi qu’ils seront capables de reconnaître le virus, s’il se présente à nouveau. C’est d’ailleurs le secret de la vaccination: on injecte une version affaiblie du virus, de manière à ce que nous produisions des anticorps qui seront plus tard capables de reconnaître et combattre l’ennemi, si jamais il se présente.
Or, dans l’épisode H1N1, c’est presque le contraire qui s’est produit, écrivent le pédiatre Fernando Polack, de l’Université Vanderbilt (Tennessee) et ses collègues. En examinant les anticorps de gens de 30 à 50 ans qui avaient été infectés par le H1N1 en 2009, ils ont découvert que ces anticorps reconnaissaient bel et bien le virus, mais qu’ils attaquaient le corps lui-même, notamment les poumons. En comparaison, chez les gens plus âgés, qui avaient vraisemblablement été en contact avec un proche cousin du H1N1 en 1957, les anticorps faisaient plus correctement leur travail, et c’est ce qui expliquerait que les gens âgés aient été moins affectés par cette grippe, contrairement aux prévisions.
Chez les gens d’âge moyen, que les anticorps «créés» pour combattre la grippe saisonnière n’aient pas reconnu le H1N1, n’est pas la surprise. Ce sont des souches de la grippe assez différentes, et c’est pour cela que les autorités médicales étaient si inquiètes en 2009.