Le MNBAQ met Marcel Barbeau en pleine lumière

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Marcel Barbeau devant deux de ses oeuvres. (Photo: Conseil des arts du Canada)
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Publié 28/10/2018 par Gabriel Racle

Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) consacre une rétrospective majeure et un catalogue magnifiquement illustré à Marcel Barbeau (1925-2016), un artiste audacieux, engagé et sans compromis, une figure notoire de l’art contemporain du Québec.

Le livre qui accompagne cette exposition s’intitule comme celle-ci, Marcel Barbeau. En mouvement. L’exposition en cours se tient jusqu’au 6 janvier 2019.

Elle offre, comme son catalogue, un panorama exceptionnel de la production de l’artiste, grâce à plus d’une centaine d’œuvres, reflets d’une carrière particulièrement foisonnante s’étalant sur sept décennies.

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Vers 1959, p. 90.

L’École du meuble

Marcel Barbeau est né à Montréal le 18 février 1925. Après des études classiques et en cherchant sa voie, il se dirige vers l’École du meuble.

L’École du meuble de Montréal était alors un établissement d’enseignement qui relevait du ministère de la Jeunesse du Québec, et qui existait depuis 1935.

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Marcel Barbeau va s’y rendre de 1942 à 1947, lorsque cette école était le fleuron de l’avant-garde artistique montréalaise, où il sera formé en ébénisterie et en design.

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1964, p. 131.

Borduas, Riopelle, Perron

Paul-Émile Borduas (1905-1960), dont l’influence sera notoire sur le développement de sa pratique initiale, compte parmi ses professeurs.

Le peintre, graveur et sculpteur Jean-Paul Riopelle (1923-2002) et le photographe Maurice Perron (1924-1999) font partie de ses collèges de classe.

Avec eux, il fréquente l’atelier de Borduas, «qui reçoit de jeunes gens issus de divers horizons culturels, sensibles à l’avant-garde, souhaitant s’émanciper du conservatisme des institutions artistiques, un noyau qui formera bientôt le groupe des Automatistes». (MNBAQ)

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1965, p. 73.

Période automatiste

On distingue généralement plusieurs périodes dans la production artistique de Barbeau.

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La première, qualifiée «d’automatiste», entre 1946 et 1956, est une étape d’expression libre et spontanée. Il s’adonne à des compositions dénommées en anglais all-over. C’est «une pratique… qui consiste à répartir de façon plus ou moins uniforme les éléments picturaux sur toute la surface du tableau.»

À cette époque, on n’avait pas encore vu au Canada de réalisations picturales du genre composé par Barbeau, qui répandait sur ses toiles de la peinture «à la va-comme-je-te-pousse», si l’on ose appliquer cette expression aux projections de peinture que fait alors Barbeau.

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1966, p. 136.

Musique nouvelle

À la fin de 1958, Marcel Barbeau assiste à un concert de musique nouvelle à l’Université de Montréal et il y découvre la musique de Stockhausen. C’est «un coup de foudre esthétique!» Ces nouveaux sons vont transformer sa production et le faire s’engager dans des explorations artistiques nouvelles.

En harmonie avec cette passion de Barbeau pour la musique de création, le MNBAQ invite les visiteurs à découvrir l’exposition tout en expérimentant la musicale Formes instants: 51 instants de musique très courts entrecoupés de silence créent à l’improviste des accords subtils entre les œuvres exposées et les sons perçus.

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Barbeau en mouvement, 1997, p. 169.

L’art cinétique

Vers le milieu des années 1960, c’est le mouvement de «l’art cinétique» qui devient la nouvelle orientation artistique de Marcel Barbeau.

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Cette nouvelle recherche, en écho à la musique contemporaine, est axée sur l’illusion du mouvement. Ses œuvres s’insèrent dans le courant de l’Op art, ou l’art optique, très en vogue à New York et en Europe, et dont il devient l’un des pionniers au Canada.

«Au cours des années 1970, ses performances picturales réalisées en collaboration avec des musiciens et des danseurs, son retour à la sculpture et l’adoption d’une esthétique tachiste, vaguement impressionniste au cours des années 1980 et, plus récemment, le recours à une abstraction géométrique, dynamique.»

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Marcel Barbeau fut l’un des signataires du Refus global.

Le Refus global

Le peintre et sculpteur Marcel Barbeau a été un des signataires du manifeste du Refus global (1948). Il est mort le samedi 2 janvier 2016 à l’âge de 90 ans.

«L’artiste, qui a signé plus de 4000 œuvres, a été un pionnier de l’art abstrait au Canada, en constante recherche et évolution. Il laisse une œuvre abondante, diversifiée, témoin de son époque.» (Radio-Canada)

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Barbeau, MNBAC, 2018, broché, 25×21,5 cm, 241 illustrations, 250 pages, 49,95 $.

Catalogue illustré

Une publication, que le MNBAQ qualifie de «catalogue foisonnant et audacieux», accompagne cette rétrospective. Cet ouvrage de 242 pages est superbement illustré avec près de 250 photos reproduisant des réalisations de Marcel Barbeau dans la couleur de leur production.

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Il comprend aussi quelques textes explicatifs dont un essai d’Ève-Lyne Beaudry, conservatrice de l’art contemporain au MNBAQ et commissaire de l’exposition, un portfolio de toutes les œuvres exposées, un texte témoignage de Ninon Gauthier, PhD, historienne de l’art, sociologue et veuve de l’artiste.

Souvenir d’une visite ou remplacement de celle-ci si l’om ne peut se rendre à Québec, ce livre séduisant permet de connaître Barbeau et son talent, dans les moments de loisirs que l’on a chez soi.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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