Le mensonge peut-il être plus utile que la vérité?

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Publié 09/09/2014 par Paul-François Sylvestre

Ancien correspondant à l’étranger pour la BBC, Joseph Hone est surtout connu pour ses romans d’espionnage. On l’a souvent comparé à John le Carré. Son tout dernier livre s’intitule Une ombre au tableau et met en scène un personnage à moitié irlandais, à moitié italien, juif de surcroît, qui a «tendance à croire au destin et aux pressentiments».

Fouillant dans le grenier de sa mère, Ben Contini tombe sur une liste de toiles de maîtres de la Renaissance (Raphaël, Czartoryski) et de rares objets sacrés (calice de Wroclaw, bible de Poznan, reliquaire de Lubin). Il trouve aussi un inestimable nu de Modigliani. Son père aurait-il été impliqué dans le trafic d’œuvres d’art volées par les nazis?

En cherchant à s’enquérir de la provenance du tableau, en cherchant à savoir qui a posé pour Modigliani, Ben et sa nouvelle amie Elsa, également en quête de réponses sur le passé de sa famille, sont entraînés dans une course qui tient du roman policier.

Cette folle et meurtrière escapade les conduit de Dublin aux carrières de marbre d’Italie du Nord, en passant par Paris et la Forêt Noire.

D’une ville à l’autre, d’un pays à l’autre, Ben et Elsa sont constamment traqués. Cette situation permet au lecteur de découvrir la vraie personnalité des protagonistes et de voir comment certaines personnes sont douées pour s’attirer des ennuis. «Les gens s’écrivent un mauvais scénario, et veulent ensuite le mettre coûte que coûte à exécution.»

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L’auteur Joseph Hone excelle dans l’art de démontrer que les mensonges sont parfois nettement plus utiles que la vérité. On pense mener un combat contre les menteurs, les hypocrites et les escrocs, mais «les principes et le combat pour la vérité ne sont pas des absolus… il faut parfois savoir y renoncer».

Le style de Joseph Hone est finement ciselé. En parlant d’un escroc qui prend des moyens manuels pour soutirer des informations, l’auteur écrit «qu’on lui a mis la pression, en quelque sorte». Ce qui revient à dire que l’escroc a étranglé son adversaire!

Certaines répliques sont parfois assassines. En voici un exemple: «Ils formaient sans aucun doute un couple parfait… sinon elle ne l’aurait pas tué parce qu’il l’avait abandonnée.»

Petite note en terminant: il se mange quantité d’olives et d’anchois dans ce roman, sans compter de savoureux gueuletons bien arrosés.

L’invité du soir

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L’Australienne Fiona McFarlane a publié un premier roman, L’invité du soir, qui a été acclamé par la critique, classé aux États-Unis parmi les meilleurs livres de l’année 2013, et traduit dans le monde entier.

L’auteure brosse le portrait d’une femme de 75 ans qui tient à son indépendance, mais qui est curieusement prise en charge par une aide-ménagère. Le roman est une réflexion sur le dernier âge de la vie et sur l’origine de nos peurs.

L’invité du soir dans le titre est un tigre. La dame de 75 ans dit l’entendre rugir dans son salon. Perd-t-elle la tête ou est-ce une manigance de son aide-ménagère?

Il se passe des choses bizarres dans ce roman et les remarques ou répliques ont de quoi surprendre le plus aguerri des lecteurs. L’auteure écrit, par exemple, que l’obstination de la vieille dame avait «une qualité minérale» et que «les avocats ont toujours d’excellents scotches».

Ce que j’ai retenu de ce roman mal tricoté, c’est que le temps et l’âge ont souvent tendance à former un vaste terrain vague devant nous. Ce qui a pour effet que plusieurs personnes âgées n’aiment que dans leurs souvenirs.

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L’éditeur écrit que Fiona McFarlane présente la vieillesse comme un angoissant huis-clos à l’ambiance hitchcockienne. L’auteure n’a malheureusement pas réussi à me tenir en haleine durant le pénible dénouement de son suspense.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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