Le lieu historique national de la Grosse-Île

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Publié 27/02/2006 par Paul-François Sylvestre

Parcs Canada administre 153 lieux historiques nationaux, dont certains sont plus connus que d’autres. C’est le cas de la Forteresse de Louisbourg et de Grand-Pré en Nouvelle-Écosse, du Fort Henry et du Canal Rideau en Ontario, des Forges du Saint-Maurice et du Manoir Papineau au Québec. Un site peu connu est celui de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais, en face de Berthier-sur-Mer (Québec). Le détour en vaut la peine car cette île joua un rôle de premier plan, durant plus de cent ans, auprès de tous les immigrants arrivant au Canada via le Québec.

Le trajet de Berthier-sur-Mer à la Grosse-Île ne prend que trente minutes. Quand j’y suis allé, tous les touristes étaient francophones et nous avons eu droit à un guide on ne peut plus sympathique. Sébastien s’est fait un devoir de nous donner un véritable cours d’histoire. Il nous a d’abord expliqué que, à partit de 1832, tous les immigrants transitant par le Québec devaient s’arrêter à la Grosse-Île pour un examen et, au besoin, une décontamination suivie d’une quarantaine.

Plusieurs immigrants voyageaient à bord de bateaux infestés, dans de terribles conditions hygiéniques. Dès qu’ils mettaient les pieds sur l’île, tous leurs effets personnels étaient désinfectés dans des étuves pendant 30 minutes à plus de 200°C. Chaque individu devait prendre une douche spéciale afin de pouvoir montrer patte blanche et obtenir un certificat d’entrée au Canada.

Certains bateaux transportaient des voyageurs de première, deuxième et troisième classses. S’ils devaient séjourner en quarantaine à la Grosse-Île, on les logeait respectivement dans des hôtels de première, deuxième et troisième classses, aux frais du gouvernement. Lors de la famine en Irlande, des milliers d’immigrants arrivèrent au Canada.

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L’année 1847 fut tragique car elle fut marquée d’une épidémie de typhus. On estime que plus de 7 000 immigrants irlandais moururent à la Grosse-Île. Ils y reposent dans un cimetière à l’ombre d’une croix celtique. En 1988, le lieu historique de la Grosse-Île fut jumelé avec le National Famine Museum de Strokestown Park (Irlande). Bien que ces deux sites patrimoniaux soient séparés par des milliers de kilomètres, ils racontent à leur manière une même histoire.

C’est à bord d’un petit train-balade que Sébastien nous a conduit dans le village où logeaient jadis les médecins, les infirmières, les ouvriers et leurs familles, complètement à l’écart des immigrants. Le principal médecin de la Grosse-Île fut Frederick Montizambert qui joua un rôle de premier plan dans le domaine de la médecine préventive et de la santé publique au Canada.

Après 1837, la Grosse-Île est devenue un lieu d’expérimentation pour la médecine vétérinaire. Aujourd’hui, personne ne vit sur l’île (sauf les guides de mai à octobre); l’endroit est devenu un lieu historique qui rappelle non seulement des drames humains, mais aussi et le dévouement exceptionnel d’un corps médical aussi accueillant que professionnel.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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