Si l’on s’accorde pour dire que le Canada recèle d’une grande variété de paysages et de réalités sociales, voyager au Nunavut donne une toute autre dimension à ce sens commun.
Voilà quatre mois que ma famille et moi nous sommes installés à Cape Dorset, petite localité située au sud-ouest de l’île de Baffin. Tentés par l’expérience du Grand Nord et poussés par une certaine routine propre à la vie citadine, ma femme et moi avons décidé de venir enseigner ici. Certes, nous n’avons pas quitté le Canada, mais nous avons bel et bien mis les pieds dans un nouveau monde.
Le Nunavut est un territoire des extrêmes: 2 millions de kilomètres carrés pour un peu plus de 35 000 habitants. En août, les belles journées d’été nous offraient des températures que d’aucuns qualifieraient de fraîches (une quinzaine de degrés en moyenne), et bientôt nous irons flirter avec les -30 degrés et le blizzard.
L’arrivée par avion, principal moyen de locomotion pour se déplacer au Nunavut, nous permet d’apprécier l’étendue de ce territoire et évoque très vite un sentiment de solitude face à cette immensité arctique. Le paysage, composé de toundra et de moyennes montagnes, aujourd’hui recouvert d’un épais manteau blanc, se dresse à perte de vue et nous fait vite comprendre que vivre ici, c’est avant tout survivre.
Converser en inuktitut
Bien que la majorité des habitants de Cape Dorset parlent l’anglais, les conversations se font en général en inuktitut. Traditionnellement orale, cette langue a été transcrite tardivement dans un système de notation syllabique dans le but de faciliter la christianisation par les missionnaires venus d’Europe.