Le Grand Débat à Toronto: des clivages politiques facilement identifiables

En réponse aux «gilets jaunes»

Au lycée français de Toronto
Une cinquantaine de personnes présentes
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Publié 22/02/2019 par Claire Besnard

Ils étaient une cinquantaine à participer au Grand Débat organisé ce mardi 19 février au Lycée français de Toronto.

Ce débordement chez nous de l’exercice de consultation lancé en décembre en France par le président Emmanuel Macron, en réponse à la contestation des «gilets jaunes», était organisé par les conseillers consulaires élus par les citoyens français vivant en Ontario.

Ce sont eux  – Marc-Albert Cormier, Francine Watkins et Kareen Guida – qui s’occuperont d’acheminer le compte-rendu de la rencontre aux responsables à Paris. Le Grand Débat veut permettre la tenue de centaines d’assemblées publiques et se poursuit jusqu’en avril.

Un public très hétérogène, tant au point de vue des opinions politiques que de l’âge et du sexe, avait fait le déplacement au Lycée de Toronto, situé dans le quartier Dufferin et Eglinton

La prise de parole était facile, sans retenue, comme le souhaitait l’animateur Thomas Brossas: «Vous allez aborder des sujets sérieux, de façon libre. J’espère que les débats seront constructifs et décontractés.»

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Au Lycée française de Toronto
Présentation du proviseur du Lycée, Jean-Pierre Faou.

Davantage de démocratie

Les deux heures et demie étaient rigoureusement découpées en quatre thèmes: démocratie et citoyenneté, transition écologique, organisation de l’État et des services publics, fiscalité et dépenses publiques.

Un dernier thème libre était aussi prévu. Quelques pistes de réflexion étaient proposées par l’organisation. Par exemple, le premier thème invitait à interroger le lien entre les élus et les citoyens, l’amélioration de la représentativité des sensibilités politiques ou encore le vote blanc.

Plusieurs personnes ont exprimé un sentiment de «crise de la démocratie», de par notamment la non prise en compte du vote blanc (les bulletins retournés dans l’urne sans préférence exprimée pour un candidat).

On a aussi réclamé davantage de proportionnelle dans les scrutins, ou encore déploré l’échec du système éducatif français à former des citoyens armés pour participer à la vie politique de leur pays.

Aulycée français de Toronto
La prise de parole était dynamique au Grand Débat.

L’écologie fait consensus

Le second thème portant sur l’écologie a suscité le consensus sur la nécessité de se responsabiliser individuellement. «Nous pouvons chacun agir à notre propre échelle par de nombreux moyens et je trouve ça formidable», expliquait une jeune femme.

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Le consensus était également de mise pour déplorer la multiplicité des échelles décisionnelles, et donc l’inefficacité de nombreuses politiques publiques françaises en matière d’écologie.

Certains ont aussi vivement critiqué l’incapacité du  président Macron à s’affirmer face à l’Union européenne à propos du glyphosate, un pesticide controversé.

Les participants ont tout de même salué l’interdiction des sacs en plastique en France ou encore le développement des transports en commun dans les grandes villes françaises… comparé notamment au système torontois de transports en commun!

Au lycée français de Toronto
Prise de notes par Gérard Poupée.

Des clivages politiques incontournables

Les deux derniers thèmes portant sur l’organisation de l’État et des services publics, ainsi que sur la fiscalité, ont suscité beaucoup plus de désaccords.

Certains ont félicité le consulat pour «son efficacité et son accueil impeccables». Ils ont pourtant regretté le temps d’attente de près de cinq heures pour aller voter aux dernières élections présidentielles.

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D’autres ont déploré une difficulté d’accès aux services publics, et notamment à l’éducation française à Toronto: «Ça devient un privilège de scolariser son enfant au Lycée français; on est obligés de passer par les écoles franco-ontariennes de MonAvenir ou Viamonde, ce qui crée un système éducatif à deux vitesses», s’indignait un enseignant d’anglais.

Le moment octroyé au débat sur la fiscalité a poussé les divergences à leur paroxysme. Qui doit payer l’impôt? À quelle hauteur? Comment empêcher l’évasion fiscale? Comment limiter les inégalités engendrées par la fiscalité? Autant de questions qui ont fait apparaître dans le petit groupe participant au Grand Débat à Toronto des clivages politiques facilement identifiables.

Au lycée français de Toronto
Quatre grands sujets étaient abordés.

Taxer les revenus du capital

Ils étaient néanmoins nombreux à dénoncer une utilisation des recettes fiscales peu transparente, gaspillée, et un train de vie des hauts-fonctionnaires en décalage avec les efforts demandés aux citoyens.

«J’ai travaillé dans une administration française dont je tairai le nom. J’ai vu à quel point leur train de vie était indécent», raconte une jeune retraitée.

On désignait aussi largement le monde de la finance comme coupable: «Les revenus du capital ne sont pas assez taxés.» Ils étaient plusieurs à demander la mise en place de la taxe Tobin (sur les transactions financières) et l’harmonisation fiscale à l’échelle de l’Union européenne pour empêcher la concurrence fiscale.

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À la fin, les participants avaient la possibilité d’évoquer d’autres sujets. On a parlé décroissance, immigration écologique, franc CFA, Union européenne, entrepreunariat et technologie.

Au lycée français de Toronto
La conseillère consulaire Francine Watkins.

À l’issue du Grand Débat, les gens ont dit avoir pu s’exprimer. Mais quel sera l’impact de tout cela?

«C’est l’occasion de donner la parole aux Français, de faire remonter les suggestions à Paris», indique la conseillère consulaire Francine Watkins à L’Express. La synthèse sera publiée sur le site officiel du Grand Débat.

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