Services en français à la ville de Toronto: un rapport décevant

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Publié 27/03/2007 par Magdaline Boutros

En octobre 2006, le comité français de la ville de Toronto réussissait, après des années de pression, à faire adopter une résolution par le comité exécutif de la ville pour qu’un rapport se penche sur l’offre de services en français.

Plus précisément, la résolution demandait d’évaluer la possibilité d’ouvrir un bureau spécifiquement dédié aux services en français pour la ville, à l’image de ce qui existe à Ottawa. Cinq mois plus tard, le verdict tombe. Dans le rapport qui a été déposé au comité exécutif lundi, aucune recommandation ne vient appuyer la demande de création d’un bureau et qui plus est, aucun argent ne sera investi pour améliorer les services offerts aux citoyens francophones.

Un rapport que le conseiller municipal Adam Giambrone, qui siège sur le comité français de la ville de Toronto, qualifie de décevant. «Je suis content de certains aspects du rapport, mais je suis globalement déçu car le rapport ne recommande pas la création d’un bureau pour les services en français.» Une décision motivée par le fait que le gouvernement provincial ne finance que de manière temporaire ce type d’initiatives.

Du côté du comité français de la ville de Toronto, la déception fait place à un vague optimisme. «C’est un début», soutient Érik Larose, porte-parole du comité français pour le dossier des services en français à la ville de Toronto.

Celui-ci tient d’ailleurs à troquer le rôle de «demandeur» pour être plutôt perçu comme un collaborateur par la ville de Toronto. «On ne veut pas juste demander. L’important c’est qu’on continue à collaborer pour améliorer les services en français, et c’est également la vision de la ville.»

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Deux principaux dossiers sont abordés dans le rapport: les services offerts aux citoyens en français et la traduction des règlements municipaux.

Au niveau des services, le rapport dresse un portrait très rose de la situation à Toronto. Une panoplie de services offerts en français sont énumérés, allant des services judiciaires aux services sociaux en passant par le transport en commun. Un état des lieux qui a laissé quelques membres du comité français perplexes. Mais le court délai avant le dépôt du rapport en comité exécutif n’a pas laissé le temps au comité d’examiner la véracité de toutes ces affirmations.

Le rapport met également en exergue la ligne Access Toronto, qui permet aux citoyens francophones d’obtenir des renseignements sur la ville au téléphone dans leur langue. Dans quelques années, lorsque le nouveau service téléphonique 311 entrera en vigueur (une ligne qui centralisera l’information sur tous les services offerts par la ville), une place de choix sera également réservée à la langue de Molière, peut-on y lire.

À la lumière de ces constations louangeuses, le rapport ne recommande donc rien de neuf au niveau de l’offre de services en français. Une recommandation se penche toutefois sur la visibilité de ces services. Une nouvelle stratégie de communication devrait être mise en place pour informer les citoyens francophones des services qui leur sont offerts dans leur langue. Mais sans fonds supplémentaires, la tâche risque d’être ardue.

Il s’agit pourtant là de la principale requête du comité français de la ville. «Notre objectif ce n’est pas d’avoir un Toronto bilingue, mais c’est d’avoir des services en français faciles d’accès et dont la population connaît l’existence», rapporte Érik Larose. «Si plus de gens sont au courant de l’existence de services en français, il y a aura une plus grosse demande et à ce moment-là, la ville sera sûrement plus intéressée à investir.»

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Au niveau de la traduction des règlements municipaux, le rapport recommande que la ville utilise les services de traduction offerts gracieusement par l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO). Le rapport recommande également que la ville cible les règlements municipaux les plus utiles pour les francophones qui devraient donc être traduits de manière prioritaire. Plus d’informations en français devraient également être affichées sur le site internet de la ville.

Malgré les recommandations timides du rapport, Adam Giambrone garde bon espoir que son dépôt en comité exécutif «créera une atmosphère propice pour discuter des services en français». Le conseiller prévoyait d’ailleurs la semaine dernière proposer un amendement au rapport pour qu’une demande officielle soit faite à la province pour qu’elle octroie à Toronto les deniers nécessaires pour ouvrir son bureau. «Jusqu’à maintenant, nous avons uniquement discuté avec la province de cette possibilité. Je voudrais qu’on fasse une demande officielle.»

Un effort de sensibilisation devra également être fait auprès des conseillers municipaux, pas toujours favorables au fait français à l’intérieur de l’enceinte municipale. «Selon le recensement de 2001, le français était la 12e langue parlée à Toronto, rappelle Adam Giambrone, francophile reconnu. Le débat va donc repartir de plus belle pour savoir si Toronto décide de dépenser plus d’argent pour les langues, est-ce que choisir le français serait la solution la plus raisonnable? Pour moi, oui, mais la réponse ne sera pas aussi évidente pour plusieurs autres conseillers ou citoyens.»

À défaut de marquer un pas de géant vers la reconnaissance du français à l’hôtel de ville de Toronto, ce rapport sur les services en français ouvre une brèche intéressante dans le débat public qui pourrait mener, à terme, à un -avancement de la cause francophone.

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