Le français, cette «grande symphonie»

Annie Bourret choisit l'humour pour démystifier notre langue

Le nouvel essai d'Annie Bourret a paru aux Éditions de l'Épaulard fin 2018.
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Publié 27/02/2019 par Alice Goron

Le français, langue chère à L’Express et ses lecteurs, rayonne aux quatre coins du globe. Il en émane une réelle diversité linguistique, et nombreux sont les francophones à déplorer la complexité de la langue de Gilles Vigneault.

Mais comment en est-on arrivés là? De quelle manière naît et meurt un mot? Comment expliquer une grammaire aussi complexe, fourmillant d’exceptions? D’où provient ce curieux accent circonflexe?

La linguiste et chroniqueuse Annie Bourret dissipera les doutes et satisfera toutes curiosités avec son dernier livre Pour l’humour du français – Brefs essais techniques, patraques ou loufoques, paru en décembre 2018 aux Éditions de l’Épaulard, à Vancouver où elle habite.

Une langue singulière

La pratique du français a été et sera proie à des transformations dans l’espace francophone. Cette dynamique, Annie Bourret la résume ainsi: «D’un pays à l’autre, les réalités changent. Les phénomènes à nommer ne sont pas les mêmes. Il fallait créer des mots pour chaque réalité à décrire.»

Si certains qualifient le français de langue pure, Annie Bourret le dément sur-le-champ. «Le français est un latin de bas étage […], un latin massacré par les Gaulois, puis francisé par les Francs.»

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Par la suite, certains mots ont été empruntés à d’autres langues telle l’arabe, notamment concernant les termes scientifiques, ou encore à l’Italien.

Anglicismes barbares

Ces échanges ont aussi eu lieu avec les anglais. «Depuis plus de 1000 ans, Français et Anglais ont procédé à un échange de vocabulaire, favorisé par une situation géographique de proximité.» Cela mène à des phénomènes particuliers tels l’anglicisme, barbarisme consistant à calquer un mot ou une expression empruntée à la langue anglaise.

Constamment, le français est trafiqué à partir de termes anglais dans le but d’en faire des mots à caractère euphonique, agréables à l’oreille. Il s’agit de texter son ami ou de checker ses comptes en banques.

L’utilisation de ces mots bien rythmés dépend de la zone géographique d’application. Partout dans l’espace francophone, des divergences linguistiques sont observables.

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Un affaiblissement du français? Annie Bourret ne l’entend pas ainsi. «Plus il y a de locuteurs de français, mieux c’est pour le rayonnement de la langue.» Les variétés dans la langue française correspondent à des histoires particulières. En Afrique par exemple, «il y a un héritage linguistique provenant de la colonisation française».

De l’humour, toujours

Cet essai regroupe plus de 80 courts textes extraits des nombreuses chroniques qu’a pu écrire Annie Bourret, diffusés sur les ondes et publiés dans divers journaux francophones.

Le français regorge de subtilités qui font vite perdre leur latin aux francophones. Tout en empruntant un ton humoristique, Annie Bourret, très grande fan d’Achille Talon, remet «les points sur les i» et les «barres sur les T».

«J’ai écrit des chroniques sur la langue française pendant 25 ans, je collectionne les dictionnaires, je suis toujours à la recherche du mot juste. J’avais les connaissances et la volonté de les vulgariser. Le tout, sous le format humoristique.»

Cette linguiste de formation nous transmet son amour pour les mots et leur histoire. Le français résonne pour elle comme «une grande symphonie».

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Annie Bourret lors du lancement de son essai à Vancouver. (Photo: Kerlande Siouras)

Pour l’amour du français

«Ma grande passion a toujours été le français», confirme-t-elle.

Après avoir commencé des études de sciences politiques dans le but de devenir journaliste, elle les abandonne rapidement. «Cela ne me plaisait pas, inutile de continuer de marcher à genoux sur des graviers!»

Alors, elle décide de se concentrer sur sa grande passion, le français.  Cette passion, elle l’a partagée pendant quelques années dans les colonnes de L’Express à Toronto, puis des journaux de l’Association de la presse francophone. Elle prend alors beaucoup de plaisir à publier et connaît un franc succès, recevant beaucoup de courrier de ses lecteurs.

Son livre est le premier que diffuse la nouvelle maison d’éditions de l’Épaulard. Il fait suite à un premier essai publié il y a tout juste 20 ans: Pour l’amour du français (le titre de sa chronique dans L’Express).

Annie Bourret offre, le temps d’une lecture, un voyage dans les méandres de la langue française. Un véritable cours d’histoire dynamique, humoristique, fourni en anecdotes sur la langue française.

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