Peu de personnages, peu de rebondissements spectaculaires. Beaucoup de tension psychologique, beaucoup de problèmes à résoudre. Voilà qui résume assez bien Le Fils du Che, le tout dernier roman de Louise Desjardins qui nous a déjà offert Darling, La Love et So Long.
La romancière estime que ce sont les problèmes qui rapprochent les gens. «Tout le monde a des problèmes, sinon personne ne parlerait à personne.» Sa prémisse est fort bien illustrée dans l’histoire qu’elle a choisi de raconter et qui met en scène une femme, sa mère, son fils et le père de ce dernier.
Le roman est un chassé-croisé entre ces quatre personnages. Alex a presque quatorze ans. Il n’a jamais rencontré son père, ne sait même pas qui il est. Il a été élevé par ses grands-parents, militants de gauche et intellectuels bourgeois. La mère d’Alex, Angèle, est une éternelle étudiante et rêveuse qui ne sait trop comment s’occuper d’un ado, surtout depuis qu’elle habite seule avec lui.
Anita, la mère d’Angèle, ne veut surtout pas se faire appeler maman. Résultat: sa fille lui dit d’«aller au diable, vieille poufiasse!» Et Alex est à couteau tiré avec sa mère qu’il traite de «maudite vieille vache folle». Quant au père d’Alex, Miguel, il arrive dans le décor quatorze ans après la conception de son fils et il doit patauger dans un labyrinthe de sentiments qui s’expriment le plus souvent tout croches.
Avec une telle mise en situation, il n’est pas étonnant que «la réalité se mette à ramper entre trahison et amour, entre passé et présent, entre pouvoir et faiblesse, entre passion et mocheté». Alex aimerait bien aimer sa mère, mais il n’y arrive pas. Le plus souvent «il voudrait la gommer comme une faute d’orthographe».