Il en a fallu du courage à Denis Villeneuve pour mettre sur écran, la tuerie du 6 décembre 1989 à l’École Polytechnique de Montréal! Empreint d’une grande sensibilité, Polytechnique sortira à Toronto, au cinéma Cumberland, ce vendredi 20 mars.
Délicat, épineux, le film relate l’histoire cauchemardesque des victimes d’un étudiant psychopathe vouant une haine inextinguible aux féministes. Polytechnique nous ramène dans ce passé, cette journée infernale où de nombreuses vies furent cruellement volées et d’autres marquées à jamais par l’échafaud de Marc Lépine. Le 6 décembre 1989, il ouvre le feu sur 28 personnes. Il en tue 14 –toutes des femmes– et en blesse 14 autres.
C’est autour de deux personnages, Valérie et Jean-François, et de leur combat à la vie que le réalisateur, Denis Villeneuve, nous entraîne. Le rôle de Valérie, interprété par Karine Vanasse, reconstitue les témoignages de trois femmes Nathalie, Geneviève et Hélène, tandis que Jean-François retranscrit le regard de quatre hommes. «On comprenait qu’une partie des survivants avait souffert de ne pas avoir été reconnue pleinement en tant que victimes. Elle n’ont pas eu droit à une tribune pour raconter leur histoire», déclare à L’Express, Karine Vanasse.
Les images de Polytechnique sont devenues, pour ces femmes et ces hommes, présents et absents ce jour tragique, les marches de l’estrade publique tant espérée. «Du point de vue des sentiments et des questions soulevées, tout le monde se retrouve dans ce film. Il y a un sentiment d’impuissance évident qui les anime», relève l’actrice. Une graine de culpabilité dans l’esprit des survivants qui s’est vue grandir et se renforcer jusqu’à répandre, encore aujourd’hui, ses racines impitoyables dans les réminiscences enfouies tant bien que mal.
Libérer cette prison mentale, Denis Villeneuve le fait avec délicatesse. Il montre, à travers Valérie et Jean-François, la fourche à deux pics, l’alternative de ces deux rescapés: survivre ou s’anéantir.