Le fameux missile de la Corée du Nord: pas encore «nucléaire»?

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Publié 19/07/2017 par Isabelle Burgun

C’est confirmé: l’engin lancé le 4 juillet dernier par la Corée du Nord est bien un missile balistique intercontinental. Le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, avait déclaré cette même journée qu’il s’agissait d’une «escalade dans la menace faite aux États-Unis, ses alliés et ses partenaires, la région et le monde».

Ce test de lancement de missile a permis à l’État totalitaire de Kim Jong-un de brandir la menace nucléaire et d’affirmer qu’il s’est taillé une place parmi les pays munis de cette arme et qu’il peut dorénavant attaquer qui il veut. Cette affirmation est cependant jugée exagérée par les experts occidentaux.

Toucher l’Alaska

Une chose est sûre: le missile est retombé dans la mer du Japon à 950 km de son point de lancement après avoir volé pendant 37 minutes. Une altitude de plus 2800 km aurait été nécessaire pour atteindre cette distance.

Cette force de frappe permettrait au missile non pas de menacer les États-Unis (à 8000 km de là), ni même Hawaï (à 7000 km), mais plutôt d’atteindre l’Alaska, nuancent les experts.

S’ils sont en mesure de voler plus que 5500 km, ces engins sont considérés comme des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM).

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Portée de quelques missiles nord-coréens. Le dernier testé serait en mesure de toucher l'Alaska, l'Australie, l'Inde ou la Russie.
Portée de quelques missiles nord-coréens. Le dernier testé serait en mesure de toucher l’Alaska, l’Australie, l’Inde ou la Russie.

Défis techniques

À l’instar des fusées, ils sont propulsés par un système de mise à feu. Ils possèdent également un système de guidage et peuvent transporter une ou plusieurs ogives nucléaires.

Leur trajectoire élevée en altitude pose certains défis puisqu’ils doivent être capables de retourner dans l’atmosphère terrestre avec leur armement, ce qui nécessite du cône nasal du missile, une grande résistance à la chaleur et aux vibrations.

Si les experts estiment que la Corée du Nord travaille à ces essais depuis longtemps, il reste difficile d’affirmer avec certitude que ce pays si secret et fermé au monde y est véritablement parvenu.

«Nous n’avons pas assez d’information pour déterminer si ce lancement n’aurait pas été fait avec une version modifiée du Hwasong-12, un missile lancé le 14 mai dernier», relevait David Wright, physicien et codirecteur de l’Union of Concerned Scientists, une association américaine de chercheurs mobilisés autour de nombreux sujets, dont la démilitarisation.

Améliorations

Nouveau venu sur la liste connue des missiles, le Hwasong-12 — appelé aussi KN-17 par les Américains — serait un missile balistique à moyenne portée propulsé par un nouveau carburant liquide. Il serait le produit des améliorations apportées aux précédents projectiles testés depuis le début de l’année, mais il ne pourrait pas se qualifier comme «missile nucléaire».

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Le nouveau projectile, lancé le 4 juillet, nommé Hwasong-14, serait de plus longue portée et donc susceptible de rejoindre le Canada. Le gouvernement canadien avait par ailleurs condamné en mars dernier les précédents lancements de missiles de la Corée du Nord.

5 pays

Ce dernier lancement était attendu par les experts qui prédisaient que la Corée du Nord pourrait bien être le 5e pays — après la Russie, les États-Unis, la Chine et l’Inde — à détenir un tel missile. La question était plutôt de savoir à quel moment cela se produirait.

Comme la Corée du Nord a des frontières avec la Russie, la Chine, la Corée du Sud et le Japon, de tels essais de longue portée pourraient ressembler à une attaque contre ces pays.

La Russie (l’Union soviétique d’alors) a été le premier État à lancer un missile balistique intercontinental (la fusée R7), il y a tout juste 60 ans, afin de mettre en orbite le satellite Spoutnik.

spoutnik

Auteur

  • Isabelle Burgun

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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