Le dynamisme culturel de la francophonie canadienne expliqué

Dynamisme culturel
Martin Théberge, Julie Boissonneault, Lianne Pelletier et Simon Laflamme au Salon du livre du Grand Sudbury. (Photo: Le Voyageur, Julien Cayouette)
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Publié 29/05/2018 par Julien Cayouette

Le dynamisme culturel franco-canadien ne se définit pas de la même façon pour les communautés de l’Ouest, de l’Ontario et de l’Atlantique. Par contre, un fait demeure partout: plus il y a d’organismes et d’artistes, plus il y a des liens entre eux, plus la vitalité est forte.

Lancé le 9 mai dans le cadre du Salon du livre du Grand Sudbury, le livre Pour des modèles de diversité : Le dynamisme culturel de la francophonie canadienne en milieu minoritaire présente les résultats d’une recherche sur les raisons derrière la vitalité culturelle et artistique d’une communauté.

Dans l’Ouest: les organismes provinciaux

«Dans l’Ouest et les territoires, ce qui est vraiment le moteur de la vitalité culturelle, ça se passe au niveau provincial et interprovincial. Ce sont vraiment les organismes provinciaux qui vont faire bouger les choses sur le terrain», note la doctorante Lianne Pelletier, une des auteures de la recherche. Les organismes locaux existent, mais sont plus dépendants des organismes provinciaux.

L’explication de ce modèle repose surtout sur la géographie. «La francophonie dans l’Ouest est tellement étendue et éparpillée que c’est difficile d’avoir une concentration [de francophones] suffisamment importante», explique le professeur de sociologie à l’Université Laurentienne de Sudbury, Simon Laflamme. Ils ont donc adopté un modèle qui permet de diffuser les produits artistiques sur de plus grandes distances et même entre les provinces.

En Ontario: le local

«En Ontario, c’est un peu le contraire, c’est le local qui domine», poursuit Lianne Pelletier. L’appui provincial existe aussi, mais il est canalisé par les artistes et les organismes locaux.

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Historiquement, en Ontario, les mouvements artistiques et politiques importants ont eu lieu dans des milieux précis, selon Simon Laflamme. «Ceci fait qu’il y a eu des artistes [qui ont émergé] pour une communauté qui les sollicitait.»

L’éparpillement a également limité la création d’une identité franco-ontarienne unique et d’une synergie plus provinciale. «En Ontario, c’est la création de l’œuvre qui préoccupe d’abord les artistes. Après, il arrivera ce qui arrivera», lance Simon Laflamme.

En Atlantique: l’identité acadienne

En Atlantique, il y a un plus grand équilibre entre l’influence locale et provinciale. De plus, l’identité acadienne joue un plus grand rôle que l’identité franco-ontarienne — franco-albertaine ou autre — sur les choix des intervenants.

De plus, les provinces étant petites, l’échange entre celles-ci s’impose davantage, nécessitant la présence d’organismes provinciaux pour diffuser la production locale ailleurs.

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Accepter les autres

Lianne Pelletier insiste sur l’importance du nombre et sur les liens entre chacun afin d’expliquer le niveau de dynamisme d’une communauté. Simon Laflamme illustre ce fait en mentionnant que, lors des entretiens avec les responsables d’organismes à Sudbury, «ils parlaient beaucoup des autres organismes».

Parmi les autres facteurs «incontournables» et «nécessaires», il y a la présence d’écoles de langue française, une population assez importante qui parle français pour soutenir les artistes ainsi que la présence de médias et de lieux de diffusion.

Les chercheurs font une distinction importante entre les organismes culturels — qui ont un mandat plus politique et de défense du français — et les organismes artistiques — qui produisent ou diffusent des produits artistiques. Ces derniers ont généralement plus de succès à créer le dynamisme culturel d’une communauté.

Qu’est-ce qui fonctionne?

«On était intéressé à déterminer les facteurs qui entrent en jeux dans la vitalité artistique et culturelle dans les communautés franco-canadiennes. Qu’est-ce qui fait que, dans une communauté grande ou moyenne ou petite, il y a un dynamisme culturel qui fonctionne, alors quand dans une autre communauté similaire, ça fonctionne moins bien», précise la professeure Julie Boissonneault de l’Université Laurentienne, qui a aussi contribué à la recherche, avec Roger Gervais de l’Université Sainte-Anne.

Vingt communautés franco-canadiennes ont été ciblées selon leur taille, leur emplacement géographique et leur niveau de dynamisme culturel francophone. Une première phase a permis de déterminer les facteurs et leur importance relative. Des entrevues plus ciblées ont été faites pour la deuxième phase afin de mieux comprendre les relations entre les facteurs.

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La recherche a été faite en collaboration avec la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), qui a aidé à déterminer certains paramètres.

«On est clairement mieux outillé pour toutes les prochaines étapes que nous entreprendrons […] et pour comprendre les dynamiques sur le terrain», déclare le président de la FCCF, Martin Théberge. Les prochaines étapes restent cependant à déterminer, car les membres ont des mandats très variés, mais ils peuvent tous utiliser ce document, selon lui.

M. Théberge est surtout heureux de maintenant pouvoir répondre que le nombre d’organismes est important lorsque ses bailleurs de fonds lui disent «ces trois organismes-là, pourquoi vous n’en créez pas juste un?».

Les nouveaux arrivants, pas toujours séparés

Le visage des communautés franco-canadiennes se transforme de plus en plus avec l’intégration des nouveaux arrivants. Ce que les chercheurs ont constaté sur ce plan, c’est qu’il existe une séparation au niveau des organismes culturels, mais pas au niveau artistique.

«Les artistes des communautés ethniques vont avoir tendance à se regrouper dans les organismes d’artistes de la région où ils sont ou dans les organismes provinciaux. Par contre, les organismes culturels vont avoir tendance à se séparer des autres organismes», rapporte Simon Laflamme.

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Il y a donc une division culturelle entre les francophones d’origine canadienne et les francophones des communautés ethniques, «mais les artistes, eux, vont avoir tendance à se regrouper avec les autres artistes, ce qui fait que les Franco-Ontariens, par exemple, vont trouver le moyen d’être exposés aux artistes des nouvelles communautés parce qu’ils les croisent dans leurs organismes.»

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