«Je te paye un petit projet. Une bourse du Conseil des Arts Marisi pour que tu écrives un petit quelque chose à notre sujet… toi et tes sœurs, puis ta nièce et ta petite-nièce. Ça commence par la mort assistée, mais ce qui suit au niveau du cœur est une histoire d’amour. Et c’est toi qui vas raconter ça.»
C’est le mandat que Paulette Marisi donne à son frère, l’écrivain Paul-François Sylvestre, quelques jours avant de se présenter, en compagnie de ses deux enfants, chez Dignitas, près de Zurich (Suisse) et de suivre la procédure d’une aide médicale à mourir, le 18 août dernier.
Ayant lutté pendant presque 20 ans contre la sclérose en plaques, Paulette a dû reconnaître, à l’âge de 68 ans, que sa vie était maintenant réduite à subir une thérapie ou une autre «dans l’espoir de gérer la douleur et de s’accrocher à un lambeau de mobilité. Cela n’est pas vivre dignement.» Ayant «croqué dans la vie à pleines dents… je peux baisser les bras paisiblement, avec sérénité, avec un sentiment d’accomplissement et avec dignité.»
Paul-François s’est demandé pourquoi sa sœur n’a pas choisi de mener une bataille pour faire modifier le projet de loi C-14 qui a reçu la sanction royale le 17 juin dernier. Elle aurait pu être la voix des «sans papiers médicaux».
«J’imagine qu’il était trop tard, que tu n’avais plus la force de porter un flambeau. Puisse ce livre te donner la parole.» Dans l’ouvrage Ma jumelle m’a quitté dans la dignité, publié aux Éditions du Gref, Paulette prend plus que la parole. En filigrane, elle plaide pour que les législateurs canadiens modifient la législation concernant l’aide à mourir.