Le Cirque du Soleil est déficitaire et licencie 400 employés

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Publié 17/01/2013 par Sylvain Larocque (La Presse Canadienne)

à 08h27 HNE, le 17 janvier 2013.

MONTRÉAL – Le Cirque du Soleil, qui vient de connaître sa première année déficitaire depuis longtemps, a confirmé mercredi le licenciement de 400 employés dans l’espoir de retrouver rapidement le chemin de la rentabilité.

L’entreprise cofondée par Guy Laliberté se séparera ainsi de neuf pour cent de sa main-d’oeuvre totale, qui frise les 5000 personnes. La plupart des postes supprimés le seront d’ici la fin mars au siège social de l’entreprise, situé à Montréal. Environ 2000 personnes y travaillent actuellement.

Ces mises à pied s’ajoutent à la cinquantaine de travailleurs montréalais remerciés avant les Fêtes.

«La révision en profondeur qui est en train de se faire au Cirque du Soleil touche vraiment chaque poste, chaque budget et chaque fonction», a précisé Renée-Claude Ménard, porte-parole de l’entreprise, au cours d’une conférence de presse fort courue.

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De plus, prenant acte de la «maturité» de ses marchés, le Cirque cessera d’accroître le nombre de spectacles qu’il présente simultanément. L’entreprise compte actuellement six spectacles sous chapiteau, six spectacles d’aréna et sept spectacles permanents (dont six à Las Vegas).

«Ce qu’on va faire maintenant, c’est de créer des productions pour remplacer des spectacles qui sont vieillissants ou pour tirer profit d’occasions qui se présenteront, mais en respectant de nouveaux paramètres d’affaires», a déclaré Mme Ménard.

Celle-ci a noté que l’année 2012 avait établi de nouveaux records en matière de revenus totaux — qui dépassent 1 milliard $ — et de ventes de billets — 14,2 millions.

Or, occupés à gérer la «croissance effrénée» des dernières années, M. Laliberté et le chef de la direction du Cirque, Daniel Lamarre, n’ont pas pleinement pris conscience de l’explosion des dépenses, a expliqué la porte-parole.

«On n’a pas porté l’attention qu’on aurait dû y porter et maintenant on se dit on n’a plus le choix (de le faire), a-t-elle affirmé. (…) Nous espérons que les prochaines productions seront tout aussi créatives et innovatrices mais qu’elles nous coûteront moins cher.»

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C’est sans compter l’effet négatif de l’appréciation du dollar canadien sur les finances du Cirque: chaque hausse d’un cent par rapport au dollar américain retranche quelque 3 millions $ à ses profits. Une bonne partie des dépenses de l’entreprise sont effectuées en dollars canadiens alors que 99 pour cent de ses revenus proviennent de l’extérieur du pays, à la merci des fluctuations des taux de change.

Conséquence: après quatre années de recul des profits, l’entreprise a essuyé une perte nette en 2012.

Partenaires financiers

La hausse fulgurante des dépenses du Cirque s’explique en partie par la réticence relativement nouvelle des partenaires à investir massivement dans les productions. Pour plusieurs spectacles permanents de l’entreprise à Las Vegas, les exploitants de casinos de Las Vegas ont accepté de payer une partie des coûts de production et d’assumer seuls la construction de théâtres faits sur mesure. Depuis la crise financière de 2008, ce n’est plus le cas.

En août 2008, Guy Laliberté a vendu 20 pour cent du Cirque à Dubai World dans l’espoir que la société d’État émiratie investisse dans ses projets. Aux prises avec des difficultés financières, Dubai World a plutôt été un «partenaire silencieux», a déploré Renée-Claude Ménard.

En 2011, la Caisse de dépôt et placement du Québec et la firme américaine Highbridge Principal Strategies ont investi des dizaines de millions de dollars pour aider le Cirque à financer deux spectacles: «Iris» à Los Angeles et «Zarkana» à New York. Faute d’un succès suffisant, «Iris» sera retiré de l’affiche samedi alors que «Zarkana» a été déplacé de New York à Las Vegas dans l’espoir de lui redonner un second souffle.

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Depuis la fin de 2011, pas moins de trois autres spectacles du Cirque, tous permanents, ont fermé leurs portes en raison du peu d’intérêt qu’ils suscitaient chez les spectateurs: Zed (Tokyo), Zaia (Macao) et Viva Elvis (Las Vegas).

Pour ce qui est du projet de spectacle à Toronto, piloté par le géant américain MGM Resorts, il est toujours sur la planche à dessin, mais il devra se conformer aux nouvelles règles de conduite du Cirque: dépenses raisonnables et risques calculés.

Mme Ménard a assuré que Guy Laliberté avait encore la «flamme» et qu’il n’avait aucunement l’intention de quitter le Cirque. «Le Cirque du Soleil n’est pas du tout à vendre», a-t-elle martelé.

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