Le Cirque du Soleil à Paris: Delirium, la musique en mouvement

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Publié 15/04/2008 par Florence Valabregue

Les trois représentations du spectacle du Cirque du Soleil, Delirium, la musique en mouvement, ont réuni plus de 20 000 spectateurs à Paris.

Il fallait bien une salle aussi gigantesque que Bercy pour être à la mesure de Delirium, la musique en mouvement, un des dix-huit spectacles, actuellement en tournée, du Cirque du Soleil. Même si l’espace n’était utilisé qu’à la moitié de sa capacité, les trois représentations, données du 31 mars au 2 avril 2008 dans la capitale française, ont réuni 21 000 spectateurs.

Spectateurs composés d’un public enthousiaste, varié et mélangé, mais surtout de nombreuses familles avec enfants, et également de stars françaises, comme Jean-Paul Belmondo, venant assister à cet incroyable déploiement de talents et de techniques.

On ne peut qu’admirer cet extraordinaire spectacle qui réunit sur scène presque tous les genres du spectacle vivant; cirque, danse, musique mais aussi vidéo qui s’entremêlent pour emmener le public dans vingt et un tableaux musicaux, remplis d’évocations poétiques, dont la mise en scène revient à Michel Lemieux et Victor Pilon.

Peu importe si le fil de la narration est ténu et tient à un personnage rêvant le spectacle du haut d’un gigantesque ballon, dont la couleur change selon les tableaux, à un clown sur échasses, à l’allure de diable inquiétant et à un petit homme chauve à la démarche saccadée.

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Nous acceptons, tout comme le rêveur, de rentrer dans Delirium et d’admirer ces 165 mètres d’écrans démesurés qui projettent d’étranges scènes qui nous emmènent dans des univers époustouflants. Certains des tableaux représentés nous transportent dans des pays imaginaires à connotation urbaine, légèrement futuristes.

D’autres nous font voyager en Afrique, avec l’interprétation musicale des frères Diouf, ou encore au Brésil, dans le déploiement gigantesque et magnifique d’une robe de 25 m de haut, portée par la chanteuse de samba Dessy di Lauro, qui s’épanouit telle une immense tente par dessus un carnaval en délire, et aussi, en Argentine, dans des ambiances de tango théâtralisé par l’immense projection de rideaux rouges.

Tout au long du spectacle, ces costumes, conçus par Michel Robidas, sont un merveilleux défi pour l’imagination.

L’œil du spectateur plonge dans des images oniriques très puissantes provoquées par de magnifiques trapézistes, une incroyable contorsionniste, des équilibristes surprenants, de merveilleux danseurs, des projections vidéos et de la musique en direct. Ils sont dix-huit danseurs, huit acrobates et quatre personnages principaux, pour illustrer cette musique, qui est en réalité le personnage principal de Delirium.

La musique composée de rock, pop, balades et de sons électronique est interprétée par onze musiciens et six chanteurs. Le directeur musical Francis Collard, a retravaillé les compositions créées par René Dupéré et Benoit Jutras et les paroles sont écrites par Robbie Dillon.

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Le spectateur sort de Delirium, avec du soleil et des images extraordinaires dans la tête ainsi que le sentiment d’avoir assisté à un événement exceptionnel, présenté par de grands professionnels, mais avec le sentiment diffus d’avoir, au passage, un peu perdu l’âme du cirque et du théâtre.

Delirium a été créé à Montréal en janvier 2006 et a tourné dans 25 villes européennes avant d’atterrir à Paris. Il poursuit sa tournée européenne à Anvers en Belgique puis à Glasgow, Belfast et Londres.

Une réussite économique qui impressionne les Français

Ce qui impressionne particulièrement le public français, au-delà de l’incontestable qualité artistique des spectacles donnés par le Cirque du Soleil, c’est la réussite sans précédent de cette entreprise québécoise. Créé en 1984, le Cirque du Soleil compte aujourd’hui 4 000 employés dont 1 000 artistes.

Ils ont à ce jour réuni prés de 80 millions de spectateurs. Il est tout à fait étonnant que le cirque, qui est un genre plutôt sur le déclin, et difficilement rentable économiquement, puisse aujourd’hui avoir un tel succès. W. Shan Kin et Renée Mauborgne en font une très bonne analyse dans leur ouvrage Stratégie océan bleu, comment créer de nouveaux espaces stratégiques (Édition Village mondial).

Pour réussir, le Cirque du Soleil a décidé de ne pas tenter de rentrer en concurrence avec l’univers du cirque mais d’inventer une nouvelle forme, plus théâtrale, et qui s’adresserait aussi à un public d’adultes.

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Pour eux, les espaces stratégiques concurrentiels sont des océans rouges et les nouveaux espaces de marché, des océans bleus.

«Bref, le Cirque du Soleil réunit le meilleur du cirque et du théâtre; il a atténué ou exclu tout le reste. Grâce à la valeur d’usage inégalée qu’il offre, il a créé un océan bleu et inventé une nouvelle forme de spectacle qui se démarque nettement du cirque classique et du théâtre traditionnels. (…) Le Cirque du Soleil a pris la décision stratégique d’aligner ses prix sur ceux du théâtre. De ce fait, il a pu catapulter le secteur du cirque dans une tout autre gamme de prix tout en attirant un public adulte de masse qui avait l’habitude de payer le prix d’une place de théâtre.»

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