Plus qu’une célébration épisodique et ciblée, la sortie du Beaujolais Nouveau sonne chaque année comme un hommage global aux vins du monde. Car si les crus du Beaujolais sont évidemment au coeur de l’événement, c’est aussi l’amour du vin qui y est célébré. Un amour qui tend de plus en plus à se transmettre de notre côté de l’Atlantique.
Le vin et le Canada, c’est une histoire d’amour. Pas sous la forme d’un pétulant coup de foudre ou d’une langoureuse étreinte éternelle. Il serait plutôt question d’un jeu de séduction progressif, où tour à tour les deux amants jouent à cache-cache, repoussant un peu plus une fin pourtant inéluctable. C’est un fait, les Canadiens consomment dix fois plus de vin qu’il y a dix ans.
Une évolution qui s’accompagne de la découverte d’autres saveurs, puisque les produits tels que le caviar, le foie gras, les fromages de lait cru ou le saumon ont eux aussi connu une envolée des ventes au cours des dernières années. Un renouveau gastronomique qui privilégie la qualité sur la quantité. Mais si la consommation de ces produits, et notamment du vin, croît inexorablement au fil des ans, la production est également un marché qui se porte bien.
L’Ontario, la Colombie-Britannique et le Québec abreuvent au-jourd’hui le marché de produits novateurs à des prix concurrentiels. Mais le vin canadien a-t-il aujourd’hui sa place dans le coeur des amateurs, alors que les produits français et italiens restent des valeurs sûres et que l’Amérique du Sud propose elle aussi de nombreuses saveurs?
Une fois encore, la réponse est différente selon les provinces, comme le déplore Guénaël Revel, président sortant de l’Association canadienne des sommeliers: «Au Québec, par exemple, les vins canadiens ne sont pas mis en valeur, et n’ont que peu de place chez des distributeurs de la SAQ (la Société des alcools du Québec). Les vins français sont très prisés et bénéficient d’une excellente couverture médiatique par contre.»