J’avais initialement décidé de passer outre les vins nouveaux cette année. Un appel téléphonique a bouleversé mes plans lorsqu’un recherchiste de la radio française de Radio-Canada à Toronto (860 AM) m’a demandé si j’étais à l’aise de parler des vins nouveaux en ondes. J’ai donc acquiescé considérant que j’avais déjà connu mes instants de gloire (!) en 2002 et 2003 comme chroniqueur vin hebdomadaire à la même station. Enfin, afin de faire pour vrai, l’équipe de l’émission Au-delà de la 401 me demandait d’apporter les vins pour déguster en direct.
Du Beaujolais? Merci, je tiens à ma santé.
Réponse maintes fois entendue par une majorité qui affiche son mépris. Mais alors qui boira les milliers de bouteilles étiquetées «beaujolais nouveau»?
Depuis jeudi dernier 18 novembre, le consommateur recherche ces fameuses bouteilles puisque Beaujolais Nouveau rime avec fête, comme si on avait besoin d’une raison pour festoyer. Cette fête a été l’une des plus belles réussites publicitaires et commerciales de la fin du vingtième siècle. Tous les cafés, restaurants, bistrots célèbrent le vin nouveau en France, bien sûr, mais aussi partout dans le monde. Autrefois, dans la région du Beaujolais, on buvait en famille le vin nouveau le 11 novembre, jour de la Saint-Martin. À partir de 1918, cette date fut consacrée à d’autres célébrations que la fête régionale des vignerons. On essaya d’instituer le 15, mais une date fixe peut tomber un samedi ou pire, un dimanche, ce qui n’est pas idéal pour les affaires. En 1984, la journée de la fête du vin nouveau fut fixée : on s’arrêta sur le troisième jeudi du mois de novembre.
En 1968, à l’instigation de quelques vignerons et du négociant Georges Duboeuf, le phénomène « primeur » déferle sur toute la France et hors des frontières. Depuis, ce troisième jeudi de novembre prend des allures de fête nationale.
Le Beaujolais Nouveau 2010
Les trois vins dégustés en ondes présentaient des robes moyennement profondes aux reflets violacés et une bonne intensité de fruits mûrs. En bouche, la vivacité, la fraîcheur et la netteté du fruit caractérisaient ces vins souples et légers.