Le balado Franc Ouest : des histoires «ordinaires, mais fascinantes»

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Patrick Lac avec l’athlète de slackline (équilibre sur sangle) Mia Noblet. Photo: Patrick Lac
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Publié 11/06/2022 par Éricka Muzzo

Lorsque l’Association des francophones des Kootenays Ouest (AFKO) a affiché un poste de coordonnateur balado, il y a quelques mois, Patrick Lac a tout de suite «embarqué à 100 milles à l’heure» pour créer Franc Ouest.

Fraîchement débarqué dans cette région du sud-est de la Colombie-Britannique, le Franco-Ontarien d’origine s’est entretenu dans les derniers mois avec une douzaine de francophones et de francophiles de la région aux histoires «ordinaires, mais fascinantes».

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L’AFKO dessert la région des Kootenays Ouest. Photo: Page Facebook Afko Franco

Franc Ouest

De ces rencontres est tirée la série balado Franc Ouest, dont les trois premiers épisodes viennent tout juste d’être lancés.

De la peintre Stéphanie Gauvin à l’athlète de slackline (équilibre sur sangle) Mia Noblet, en passant par la drag queen Johnny Poutina — alter ego d’Alex Pilon —, Patrick Lac promet des rencontres hautes en couleur.

«En faisant le montage, en réécoutant les entrevues, j’ai eu la chair de poule», témoigne-t-il.

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«Ce sont des personnes qui ont décidé – pour des raisons de lifestyle, des raisons d’accès à la nature et au plein air, d’aventure – de changer leur vie pour la plupart.»

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Alex Pilon, alias Johnny Poutina sur Franc Ouest. Photo: Patrick Lac

Des questions parfois difficiles

«Ce sont vraiment de belles rencontres», assure celui qui a complété un baccalauréat en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

«On pose des questions quand même parfois difficiles. Il y a des entrevues où on va assez loin. Je pense que beaucoup de monde pourra y trouver leur compte», s’enthousiasme Patrick Lac.

Il espère que les épisodes circuleront à travers le Canada et même aux États-Unis.

Le contenu «local et en français» de Franc Ouest

L’un des objectifs premiers du balado est «de valoriser les francophones et francophiles de la région». En plus de «créer du contenu local en français». Mais le coordonnateur explique ne pas s’être limité à la question de la langue durant ses entrevues.

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«Ce n’est pas tout le monde qui a vraiment une opinion forte sur la francophonie. Ça fait toujours partie de mes questions, puisque ça m’intéresse et que c’est le rôle de l’AFKO de valoriser la francophonie…

«Mais avec d’autres personnes, on va surtout parler de leur art ou de leur sport ou de leurs choix de vie, de leur quotidien», explique Patrick Lac.

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Le coordonnateur balado de l’AFKO, Patrick Lac. Photo: Masa Suzuki

Franc Ouest hippie et pirate

Dès les premiers instants du projet, il a réuni un comité pour monter une liste d’interviewés potentiels ainsi que de thématiques à aborder.

«J’ai probablement la liste la plus exhaustive de toutes les personnes qui ont un lien avec la francophonie dans la région», s’esclaffe Patrick Lac, tout en précisant qu’«il y en a qui ne se définissent pas nécessairement comme étant des francophones» de par leur histoire de vie.

«C’est quand même très hippie et très pirate ici. C’est un peu le Far West! Donc je pense que certaines personnes ne rempliraient pas le recensement et ne cocheraient pas la case “francophone”», note le coordonnateur balado.

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Des balados à profusion

Les balados ont la cote en francophonie canadienne: Parler pour transmettre, Yukon-Extra-Ordinaire, Médecine en minutes, Parle-moi de ton bilinguisme, Balado des RVF 2022, Les Francos oublié.e.s et On est 33 millions, pour n’en nommer que quelques-uns.

Patrick Lac, lui-même un grand amateur de balados, estime que Franc Ouest se démarque «parce qu’on ne s’intéresse pas principalement à la francophonie. On s’intéresse principalement à l’individu et à son histoire de vie, et c’est en français».

«J’ai écouté un peu Pour l’amour du français, qui est fait en Saskatchewan. C’est intéressant, mais pour quelqu’un qui s’intéresse vraiment au sujet presque universitaire des minorités francophones. Nous, on a préféré l’approche de s’intéresser aux individus», ajoute-t-il.

Il envisage toutefois des partenariats avec d’autres balados puisque chacun «apporte plus d’informations sur sa propre réalité locale».

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Le logo de Franc Ouest.

Plus de francophones qu’il n’y paraît

Le projet Franc Ouest comprend aussi des ateliers dans les écoles francophones de la région, de sorte que Patrick Lac a eu l’occasion de s’entretenir avec des jeunes.

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«C’est très intéressant d’avoir autant la perspective des adultes qui ont quitté, disons le Québec, la France ou la Belgique pour s’établir ici… Mais aussi d’avoir le récit de ces jeunes-là qui sont nés en Colombie-Britannique, qui ont toujours vécu en version bilingue.»

Ayant visité la municipalité de Nelson il y a 12 ans, le coordonnateur indique avoir été grandement surpris d’y côtoyer autant de francophones, puisqu’à l’époque, il n’en avait rencontré aucun.

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La cabane à sucre 2022 de l’AFKO. Photo: Page Facebook AFKO Franco

Grâce au réseau scolaire

«Ça s’est vraiment transformé. Une des choses qui m’intéresse en faisant ce podcast, c’est un peu d’essayer de déterminer pourquoi il y a autant de francophones. Je me promène dans les parcs avec mes enfants et on entend du monde qu’on ne connaît pas parler français, et ce ne sont pas des touristes!»

Il estime que les données de Statistique Canada, selon lesquelles la minorité francophone ne composerait que 1,2 % de la population de Kootenay Boundary, ne correspondent pas forcément à la réalité du terrain. Toujours selon le recensement 2016, environ 4,4% de la population y connaîtrait le français.

«Une fois que tes enfants sont sortis du réseau scolaire francophone, les familles n’ont plus autant un fort lien avec l’AFKO ou la CSF [Commission scolaire francophone de la Colombie-Britannique]», fait remarquer le coordonnateur balado.

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La FrancoFête 2019 de l’AFKO. Photo: Page Facebook AFKO Franco

Crise identitaire

Patrick Lac a lui-même été particulièrement touché par une conversation qui se trouve dans l’épisode du 1er juillet, et qui l’a ultimement convaincu d’envoyer ses propres enfants à l’école francophone de la région.

«J’ai rencontré une jeune fermière de Castlegar, une petite ville complètement anglophone proche de Nelson, nommée Rachel Tetreault. Ses deux parents sont Québécois, mais ils ne lui ont jamais parlé en français et aujourd’hui elle vit une véritable crise identitaire.»

«Elle a décidé d’apprendre le français. Elle est super impliquée avec Canadian Parents for French (CPF). Ses deux enfants vont en immersion française.» Patrick Lac a réalisé cet épisode en anglais parce que son invitée ne se sentait pas assez à l’aise de le faire en français.

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Rachel Tetreault est une jeune fermière de Castlegar, une petite ville proche de Nelson. Photo: Patrick Lac

Un épisode par semaine de Franc Ouest

«Pour moi, ç’a été un épisode qui m’a vraiment ouvert les yeux sur l’insécurité linguistique et l’importance de parler français à ses enfants et de les envoyer dans une école francophone. Moi je me posais la question… Finalement, après avoir rencontré Rachel, j’ai décidé que mon fils ira à l’école en français.»

«C’est un épisode qui prouve la raison d’être du projet, parce que c’est important de valoriser le français, et ç’a été une très, très belle rencontre avec Rachel», conclut Patrick Lac.

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Franc Ouest sera officiellement lancé le 24 juin, date à partir de laquelle un épisode paraîtra tous les vendredis pendant quelques semaines.

VIDÉO: https://www.facebook.com/francouestpodcast/videos/728961054913066

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