Elle n’a que 23 ans mais sa peinture fait déjà preuve d’une grande maturité. Au coeur de l’excellente galerie Thompson Landry, derrière les six portraits d’une humanité torturée, angoissée, préoccupée ou simplement songeuse, se cache une jeune artiste québécoise: Laurence Nerbonne.
Les six portraits sont immenses, les visages lumineux, baignés dans une ambiance sombre, intemporelle. L’attention se concentre sur ces visages dont émane une émotion si puissante que tout ce qui entoure le modèle semble disparaître.
«J’aime le portrait, j’aime les gens qui ont une histoire, explique l’artiste. Je prends le temps de les rencontrer, de discuter avec eux puis dans mes tableaux, j’essaie de capturer l’émotion, en la rendant intemporelle. En choisissant un fond noir, je crée une sorte de néant qui permet de concentrer l’intérêt sur l’émotion de la personne, quand tout le reste est aboli. Le portrait est hors contexte et je veux me limiter à cela.»
En regardant ces tableaux, le curieux y décélera sûrement des traces d’Antiquité ou encore d’art chrétien. «J’ai toujours été marquée par le regard de ces personnages que l’on voit dans les églises, par la tension de leur corps, leur souffrance que je ne comprenais pas. Aujourd’hui, je montre une humanité tourmentée, désillusionnée que l’on voit chaque fois que l’humain se trouve face à lui-même.»
Et l’artiste n’a pas peur de renvoyer encore une fois l’homme à lui-même. Ses toiles ne laissent pas indifférent et renvoient chaque spectateur à ses propres doutes, ses propres souffrances: «Je veux offrir un miroir aux gens, je veux qu’ils se questionnent.»