L’art ingénu ingénieux de François X. Chamberland

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Publié 02/03/2010 par Pierre Léon

Trois belles triques, attachées en faisceau accueillaient le visiteur de l’exposition de François-X Chamberland, à la Propeller Galery, 984 rue Queen west, du 17 au 28 février.

Le béotien qui arrive se dit qu’il s’est déplacé pour une des ces «Installations» à la mode, une imposture de plus de l’art des temps modernes. Je me rappelais celles du Musée d’Art Moderne d’Ottawa, avec sa poubelle renversée, intitulée «Vierge marrie», et le splendide tableau, tout noir, entièrement noir, dont le nom m’échappe, mais qui était sensé symboliser la métaphysique du néant.

Heureusement, toute une classe d’écoliers arrivait et ce tableau noir sans craie les a bien fait rigoler.
Mais, à côté des charlatans, il y a ceux qui ont la foi dans leur art. Chamberland est de ceux-là. On le sent ingénu, inspiré, prêt à transformer un râteau d’enfant en objet divinatoire.

Il ramasse chez son ferrailleur, toute pièce qui lui paraît insolite, la regarde, la tourne, retourne et l’inspiration lui vient. Il a créé un objet poétique.

Une centaine de créations insolites de Chamberland sont ainsi exposées, pas très loin du Museum of Modern Art. Dans ce dernier lieu, rien de bien révolutionnaire. C’est un peintre qui expose, en multipliant les genres – de quelques abstractions sages, en passant par des portraits presque classiques, jusqu’à de fort jolis tableaux d’arbres vus sous des angles inattendus.

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Mais le plus étonnant de ce musée est l’absence totale de français dans les explications.

Chamberland, lui, fonctionne en français. Il a été de longues années à Toronto, à Radio Canada, interviewant tout l’Ontario, avec entrain et humour*.

Il a gardé un regard inquisiteur sur le monde, dans son nouveau métier d’artiste. Il a un style cernable qui lui est propre. Il vit dans le relief de l’objet provocant. Une bougie de moteur, plaquée sur un support et c’est «Le temps qui passe».

On accroche ou on hausse les épaules, mais rien ne laisse indifférent et beaucoup de choses deviennent ironiques ou poétiques, dans l’effet de surprise. Certaines créations sont tout à fait ingénieuses et pleines d’humour, comme: «La source est tarie» qui est fabriquée à partir d’un coffre en cuivre d’où semble surgir un petit robinet sans eau, entouré d’autres saillies métalliques incongrues. Et puis, il y a l’étincelle poétique provoquée par la légende du tableau, un vieux truc surréaliste que Chamberland connaît bien.

Il faudrait tout commenter! Mais allez-y voir vous-même, vous ferez votre choix dans ce bric-à-brac que n’auraient pas désavoué Marcel Deschamps ou André Breton.

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Les nombreuses entrevues de François-X Chamberland ont été réunies et publiées en 1999, par les Éditions du GREF, à Toronto, sous le titre L’Ontario se raconte.

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