L’Âge d’Or hollandais

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Publié 06/07/2010 par Gabriel Racle

«Comment un petit pays comme la Hollande a-t-il pu connaître au XVIIe siècle un épanouissement aussi exceptionnel dans une grande variété de domaines?» C’est par cette question que Ruud Priem, spécialiste du Rijksmuseum d’Amsterdam, ouvre son article «L’Âge d’Or», en tête d’un magnifique ouvrage consacré à ce sujet.

Et de fait, cette période de prospérité a été si exceptionnelle et si longue qu’elle est aussi appelée «Le siècle d’or» et qu’elle a suscité la jalousie des États voisins qui n’hésiteront pas à déclencher contre ce pays des hostilités, comme la Guerre anglo-hollandaise de 1652 ou la Guerre de Hollande entamée par Louis XIV vers la fin du siècle.

Un peu d’histoire

Il faut faire un petit retour en arrière pour comprendre une situation qui, par certains aspects, n’est pas sans offrir quelques analogies avec des problèmes actuels.

Au XVIe siècle, la Hollande faisait partie de l’empire espagnol, régi par Charles Quin, né lui-même à Gand. Sous son règne, la Hollande se développe grâce notamment à l’essor commercial des villes portuaires comme Amsterdam et Anvers. Après son abdication, son fils Philippe II, très catholique, supprime le protestantisme qui s’est développé dans la partie nord des Pays-Bas espagnols.

Il en résulte une grande tension, une révolte et la guerre entre les troupes des insurgés et les troupes espagnoles. C’est la guerre de Quatre-vingts ans, qui se termine par la séparation des provinces des Pays-Bas entre la province du Nord, qui chasse les troupes étrangères, et la province du Sud, qui se rallie au catholique Philippe II. Le Nord déclare son indépendance et forme, après plusieurs péripéties belliqueuses, la République des sept Provinces-Unies.

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L’âge d’or artistique

Cette petite république (ancêtre des Pays-Bas actuels) connaît un étonnant développement économique et culturel, notamment avec une forte puissance maritime, comme la Compagnie hollandaise des Indes orientales, créée en 1621, ce qui favorise l’épanouissement des lettres et des arts. Étalée sur un siècle, entre 1584 et 1702, cette période est précisément un âge d’or artistique.

Des marchands fortunés, enrichis par le commerce, achètent de l’art pour orner leurs intérieurs, faire étalage de leur réussite, exercer un mécénat. Il en résulte de grands échanges et une importante production artistique diversifiée.

Les artistes se spécialisent dans des domaines très précis ou abordent de nouveaux thèmes comme la peinture de genre, une représentation très détaillée de scènes domestiques et quotidiennes, typique de l’art hollandais de l’époque.

Un florilège d’œuvres et de peintres

Et c’est précisément à la présentation de cette riche période que nous convie L’Âge d’Or hollandais de Rembrandt à Vermeer avec les trésors du Rijksmuseum, Pinacothèque de Paris, 304 p., 200 illustrations, relié, 28 x 24 cm.

Ce catalogue d’une exposition réalisée dans le musée parisien classe les productions artistiques par grands sujets: La ville – La campagne – Images et objets religieux: le monde de Rembrandt – Les citoyens, les régents et les aristocrates dans la République – La République et les Indes orientales hollandaises – Les scènes de genres.

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Des textes de spécialistes accompagnent ces présentations, des textes généraux comme L’Âge d’Or hollandais, de Rembrandt à Vermeer, L’Essor de la République comme puissance maritime, Les artistes et leur monde, Natures mortes et arts appliqués.

Si les plus célèbres tableaux de Rembrandt, l’artiste le plus illustre de cette période, ne s’y trouvent pas, il y en a d’autres (Le reniement de saint Pierre, Le docteur Éphraïm Bueno, Portrait de l’orfèvre Johannes Lutman), c’est l’occasion de découvrir des artistes moins connus, qui constituent l’environnement dans lequel Rembrandt a réalisé ses œuvres.

Vermeer et Rembrandt

Le somptueux tableau de Vermeer (1632-1675), La lettre d’amour, illustre non seulement la couverture de l’ouvrage, mais il est reproduit en pleine page, avec un texte qui en décrypte la signification. Car pour comprendre cette œuvre, il faut connaître la signification symbolique des représentations qui figurent sur le tableau.

Commentant l’exposition, la journaliste Véronique Chemla fait les intéressantes remarques suivantes: «Paradoxalement, Vermeer et Rembrandt sont devenus des symboles de cette époque, dont ils ne sont que peu représentatifs. Ils se distinguent des autres artistes par leur refus de la spécialisation, leur intérêt pour plusieurs genres. Depuis quatre siècles, ils demeurent des modèles absolus, dont le génie leur confère un caractère intemporel.»

La Pinacothèque

Moins connue que le Louvre, la Pinacothèque de Paris, située non loin de l’église de la Madeleine, devrait pourtant s’inscrire dans l’itinéraire du visiteur de Paris amateur d’art. Outre ses collections permanentes, ce musée organise de nombreuses expositions temporaires d’un grand intérêt. Celle sur l’Âge d’Or a attiré plus de 700 000 visiteurs.

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L’exposition Edvard Munch ou l’anti-Cri lui succède jusqu’au 8 août. Elle sera suivie jusqu’en février 2011 de L’or des Incas: origines et mystères. Une visite à faire pour qui se trouve à Paris à ces dates.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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