L’Acfas: «Cessez les coupes en enseignement postsecondaire en français au Canada»

Lettre ouverte

«Il est essentiel d’offrir une variété de cours universitaires en français dans toutes les provinces canadiennes.» Photo: Javier Trueba, Unsplash
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Publié 31/08/2020 par l-express.ca

À titre de présidents et présidentes de l’Acfas centrale et des Acfas régionales, nous nous inquiétons de la tendance des programmes et des cours universitaires en français à être la cible de coupes dans plusieurs provinces canadiennes lors de périodes économiques difficiles.

Nous souhaitons rappeler que cette formation en français est un élément capital de notre prospérité politique, économique, diplomatique, sociale et culturelle.

Dans les derniers mois, encore une fois, une diminution de l’offre de cours en français a été annoncée dans plusieurs universités bilingues et de langue anglaise à l’extérieur du Québec. Nous savons que les exercices de rationalisation des programmes universitaires sont nécessaires et que des cours en anglais ont aussi été abolis.

Des cours en français ont déjà été éliminés dans les dernières années, et nous craignons que ce mouvement s’amplifie. Il est essentiel d’offrir une variété de cours universitaires en français dans toutes les provinces canadiennes pour y assurer la vitalité de la langue française, de la recherche en français ainsi que pour respecter le droit fondamental des étudiant-e-s de se former en français dans le domaine de leur choix.

Une diminution de l’offre de cours en français a été annoncée dans plusieurs universités bilingues et de langue anglaise à l’extérieur du Québec. Photo: Jarmoluk, Pixabay

Nous souhaitons aussi rappeler la nécessité pour les gouvernements de mieux soutenir les universités et les campus francophones situés en contexte minoritaire au Canada, car ils contribuent à la richesse et à l’épanouissement de leur communauté. Les programmes universitaires en français sont en outre cruciaux pour assurer le maintien et le développement du bilinguisme des citoyens et citoyennes.

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Plusieurs d’entre eux et elles ont étudié dans des écoles de langue française ou d’immersion française à l’école primaire et à l’école secondaire, mais doivent, une fois à l’université, se tourner vers l’anglais pour étudier dans le programme qui les intéresse, ou changer de province pour poursuivre leurs études en français.

Il existe au Canada un cruel déséquilibre entre l’offre universitaire en français et en anglais et il manque de programmes et de cours en français au sein de plusieurs régions. Il est donc crucial de préserver ceux qui sont en place.

De plus, dans plusieurs provinces, la disparition d’un programme en français au sein d’une université entraine, il est important de le souligner, l’impossibilité d’étudier ce sujet en français dans la province en soi. En raison de cette fragilité, lorsque des mesures de restrictions financières doivent être mises en place, il importe d’utiliser des critères d’évaluation adaptés aux programmes en français. Assurons-nous de trouver les moyens de maintenir nos acquis, pour ainsi épargner beaucoup de temps et d’argent.

L’Acfas invite les gouvernements et les établissements d’enseignement postsecondaire de langue anglaise et bilingues à soutenir les membres de leur communauté qui souhaitent étudier en français. Photo: Mudassar Iqbal, Pixabay

Par ailleurs, à ces programmes et cours francophones sont également liés des axes de recherche spécifiques, par exemple sur l’étude de la francophonie canadienne. Ces axes de recherche sont cruciaux pour obtenir des données probantes qui guideront les politiques publiques touchant les communautés minoritaires francophones.

Il est essentiel de produire des savoirs sur ces communautés pour prendre des décisions éclairées et agir adéquatement et efficacement auprès d’elles. Ainsi, la disparition de certains programmes et cours francophones engendre aussi la perte d’une expertise en recherche dans les provinces et au pays.

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N’oublions pas que les universités sont plus qu’un lieu de formation ; elles représentent un milieu de vie pour le corps professoral et les populations étudiantes. Également, une université ou un cours est parfois le seul lieu où un individu peut s’exprimer en français dans son quotidien.

Nous invitons donc les gouvernements et les établissements d’enseignement postsecondaire de langue anglaise et bilingues à mettre leurs efforts en commun pour soutenir la vitalité de la langue française au Canada et les membres de leur communauté qui souhaitent étudier en français.

Nous incitons également le gouvernement fédéral à prévoir un fonds pour stabiliser le financement des universités, campus et programmes francophones en contexte minoritaire, afin d’assurer leur pérennité et leur développement.

L’Acfas et ses Acfas régionales sont disposées à apporter leur contribution, avec l’expertise de leurs membres et de leurs partenaires, dans ce dossier.

Lettre ouverte signée par:

  • Lyne Sauvageau, présidente de l’Acfas
  • Renée Corbeil, présidente de l’Acfas-Sudbury
  • Valérie Lapointe-Gagnon, présidente de l’Acfas-Alberta
  • Patrick Noël, président de l’Acfas-Manitoba
  • Stella Spriet, présidente de l’Acfas-Saskatchewan
  • Selma Zaiane-Ghalia, présidente de l’Acfas-Acadie
  • Et les membres des comités de direction des Acfas régionales

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