La vraie Agatha Christie dans une fiction

Colleen Cambridge, Petits meurtres chez Agatha Christie
Colleen Cambridge, Petits meurtres chez Agatha, roman, France, City Éditions, 2023, 320 pages, 31,95 $.
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Publié 10/04/2024 par Paul-François Sylvestre

Dès le premier jour des festivités dans la somptueuse résidence d’Agatha Christie, un homme est retrouvé assassiné dans la bibliothèque. Ainsi commence Petits meurtres chez Agatha, de Colleen Cambridge. Comme l’enquête de Scotland Yard piétine, la gouvernante de la célèbre romancière prend les choses en main.

À l’exception d’Agatha Christie et de son mari Max Mallowan, tous deux discrets dans ce polar, le lieu, le personnel et les meurtres relatés sont purement fictifs.

Née Agatha Miller en 1890, la créatrice d’Hercule Poirot a épousé Archibald Christie en 1914. Deux ans après la mort de ce dernier, Max Mallowan est devenu son second mari. Agatha Christie est décédée en 1976.

Phyllida Bright

La gouvernante et principale protagoniste se nomme Phyllida Bright, Elle est fort intelligente (bright) et ce qu’elle dit est «parole d’évangile». Bien qu’il n’y ait pas assez de temps dans une journée pour administrer une maison et pour élucider un meurtre, Phyllida est capable d’un tel exploit. Elle ne se laisse jamais dominer par ses émotions.

Colleen Cambridge écrit que, «à en en croire ce bon vieux Sherlock Holmes – que Phyllida trouvait nettement moins intéressant que le fringuant Poirot –, les coïncidences n’existaient pas quand on enquêtait sur un crime». Il n’y a pas d’obstacle pour une gouvernante qui sait fouiner, au point d’inquiéter sérieusement le ou la coupable.

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Rendu à la page 139, il n’y a toujours pas de suspect, ni personne ayant un mobile. «Tout allait à vau-l’eau à Mallowan Hall.» Et voilà qu’un second meurtre survient sur les lieux de ce manoir dans la charmante petite bourgade de province, loin de Londres.

Deux hommes

L’intrigue se corse lorsque Phyllida découvre des photos montrant «deux hommes en train de faire hum-hum […] de se tripoter». Ce n’est pas le genre de chose qu’une femme de ménage aime voir durant son quart de travail. Aux yeux de Phyllida, lorsque deux adultes consentants se livrent à des échanges intimes, cela ne regarde qu’eux.

Ici et là, l’auteure glisse des références à Hercule Poirot et à Miss Marple, personnages emblématiques des romans policiers d’Agatha Christie.

Lorsqu’elle note que les échanges et les relations entre les différents protagonistes permettent de faire la lumière sur la psychologie des uns et des autres, elle précise qu’il s’agit là «d’un exercice dans lequel Poirot et Miss Marple excellaient».

L’inspecteur de Scotland Yard et le sergent de l’endroit pataugent lamentablement. C’est la gouvernante qui leur fournit tous les indices pour faire avancer l’enquête. «Je n’ai eu d’autre choix que de me rendre à l’évidence, et de faire en sorte de résoudre au plus vite cette affaire.»

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Style coloré

Le style est coloré. Ainsi, la cuisinière manie le hachoir «avec la détermination d’un bourreau qui coupe des têtes». Une personne hurle «comme une harengère» et un autre beugle «comme une corne de brume». Quant à la tignasse rebelle d’un personnage, elle s’accorde bien «avec son tempérament d’ours mal léché».

Colleen Cambridge a publié une trentaine de livres dans des genres différents. Elle est une historienne accomplie dont les ouvrages séduisent autant les amateurs de fiction historique que de romans policiers.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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