Dans ma chronique précédente, je racontais ma surprise de voir le Côtes du Ventoux La Vieille Ferme 2009 si tôt sur les tablettes de la LCBO au début mai 2010. Ce qui signifie un court délai après la mise en bouteille. Il faut savoir que la mise en bouteille choque le vin. Le vin est alors dissocié, peu bavard et ce, pour environ trois mois. Enfin, le voyage en bateau le choque tout autant.
La disponibilité du millésime 2008 (huit mois) a d’ailleurs été de courte durée comparativement au 2007 (18 mois). Faut dire que le climat en 2008 dans le secteur méridional de la vallée du Rhône n’a pas favorisé une récolte importante en quantité. En effet, le rendement a été faible (environ de 30 à 50% inférieur à la moyenne selon les secteurs). De plus, la qualité globale du millésime 2008 a été un peu moindre à 2007 et 2009.
Pour les besoins de la dernière chronique, j’avais dégusté le vin (ainsi que le 2008) vendredi 14 mai en matinée chez moi. J’ai laissé la bouteille aux deux tiers pleine sur le comptoir de la cuisine sans protection contre l’oxydation. J’ai regoûté le vin lundi soir soit trois jours et demi plus tard en laissant un mince pouce de vin dans le fond de la bouteille. Enfin, entre vendredi et lundi, j’ai agité la bouteille afin de tournoyer le vin vendredi soir, samedi matin et samedi soir, dimanche matin et dimanche soir, et finalement lundi matin. Je n’ai laissé aucune chance au vin.
Le résultat fut épatant. Lundi soir, le nez était ouvert sur le fruit, la bouche offrait une bonne densité et une trame de tanins fins, une persistance aromatique longue et surtout, il n’y avait aucune trace oxydative ou de déviation quelconque. Afin d’en savoir plus, j’ai conservé tout juste trois centimètres de vin dans le fond de la bouteille. Mercredi soir, j’ai fini le vin qui montrait quelques faibles signes de fatigue. Entre vous et moi, je ne m’en fais pas avec cela. C’est un peu normal. Voici un vin qui mérite sans aucune hésitation d’être servi au verre.
Je ne le recommanderais pas pour maintenant puisque le vin a besoin de stabilité. À moins qu’il soit aéré. Il devrait mériter beaucoup d’éloges vers la mi-juillet. Non conçu pour la garde mais plutôt pour un plaisir immédiat, ce vin se dégustera encore très bien en 2014. Voici une occasion idéale de suivre l’évolution d’un vin sur quelques années sans se ruiner. ****