Belle-mère, monstre, putain, démone, marâtre… Marie-Anne Houde a porté tous ces noms et est connue pour avoir causé la mort d’Aurore Gagnon en 1920 à Fortierville (Québec).
Il s’agit évidemment de la tristement célèbre «Aurore, l’enfant martyre». David Ménard donne la version de l’inculpée dans un roman intitulé L’aurore martyrise l’enfant.
Une lettre au père d’Aurore
Le roman prend la forme d’une longue lettre que Marie-Anne Houde adresse à «mon cher Télesphore» Gagnon, son second mari et père d’Aurore. Ses mots ne sont ni désolation ni justification, tout simplement son vécu.
Marie-Anne a eu une mère qui s’indifférait équitablement de chacun de ses enfants. Ses frères et sœurs la punissent d’exister. Elle est la honte de la famille. Elle était traitée de traînée, voire de p’tite maudite, insulte de prédilection. À ces mots, elle se dit qu’elle a « été mise au monde pour déranger ».
Jeux de mots
Le mot aurore revient à quelques reprises dans le texte, parfois de façon poétique. Télesphore dit à Marie-Anne, par exemple, qu’ils vont mourir le même jour, «à la même aurore». Quand les phobies du jour abondent, «l’aurore est absente». Quand le joug sera long à secouer, «aride sera l’aurore». Et au petit matin, «l’aurore qui porte si bien son nom a des fentes dans les yeux».