Par le choix même de son nom, le duo Alfa Rococo revendique d’entrée de jeu son esprit – et son esthétique – kitsch et rétro.
L’arrivée de Lever l’ancre (Tacca/Sélect) dans les bacs des disquaires coïncide d’ailleurs avec les premières chaleurs de l’été, et il est clair que Justine Laberge et David Bussières espèrent capitaliser sur notre prédisposition estivale pour les refrains que l’on savoure comme des bonbons acidulés, et dont le plaisir tient en partie aux références qu’ils cultivent, tantôt 60’s (les Beatles, période Revolver), tantôt 80’s (Cars, Tourists du côté anglo-saxon, Rita Mitsouko et Niagara chez les Frenchies).
Et pourtant, au cœur de plusieurs desdits bonbons, l’auditeur attentif trouvera un noyau de réflexion, tantôt vaguement écolo (Les jours de pluie), tantôt adressé aux ripoux de tous poils (Horribles gens), mais toujours soucieux de s’inscrire dans une formule pop caractérisée par l’omniprésence de ces mélodies à deux sous qui s’immiscent infailliblement dans la mémoire, le temps d’une danse ou d’un été.
La vérité sort de la bouche des ivrognes
Il arrive qu’on choisisse un disque – ou, tout le moins, qu’on choisisse de s’y attarder quelques instants – en raison de son titre. Un truc parfois bête, parfois brillant (l’un n’empêche pas l’autre), mais qui fait dire «Pourquoi diable personne n’y avait pensé plus tôt?»
C’est ce qui m’est arrivé avec la sortie, il y a quelques mois, du savoureux Les hommes des tavernes (Disques Newrock/Outside) des Fréres Cheminaud (notez par la même occasion cet accent aigu à «fréres», parti pris phonétique et populiste qui en dit déjà long sur ce qui nous attend).