La première cohorte d’enseignants diplômés de l’UOF arrive sur le marché de l’emploi

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Récente diplômée de l'UOF, enseignante à l'école élémentaire Charles-Sauriol à Toronto, Pascaline Muhimpundu s’est découverte une passion pour l’enseignement. Photos: courtoisie
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Publié 15/02/2025 par Jessica Chen

Après 16 mois de formation à temps plein, les étudiants qui ont intégré le Baccalauréat en éducation de l’Université de l’Ontario français à son lancement, à l’automne 2023, ont obtenu leurs diplômes en décembre de l’année dernière.

«Nous sommes très fiers de notre première cohorte de 45 étudiants et étudiantes qui viennent de terminer», souligne Monique Ménard, directrice principale des activités administratives en enseignement et apprentissage à l’UOF.

Et la majorité d’entre eux, selon elle, est déjà employée par des conseils scolaires francophones de la province, sous formes, soit, de contrats à long terme, soit de suppléances occasionnelles.

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Monique Ménard, de l’UOF. 

Des étudiants aux profils diversifiés

C’est le cas, notamment, de Pascaline Muhimpundu, originaire du Burundi. Économiste de formation, c’est au Kenya qu’elle s’est découvert une passion pour l’enseignement.

«Lorsque j’ai dû quitter mon pays pour aller m’installer au Kenya en 2016, j’ai commencé à enseigner à de jeunes réfugiés urbains», raconte-t-elle. «C’était le projet d’une église et je m’étais portée volontaire pour les aider. On apprenait à de jeunes filles des choses assez basiques, comme à écrire, et c’est à ce moment-là que la graine a été semée en moi.»

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Mère de trois enfants, elle est arrivée avec sa famille au Canada en 2022, en tant que réfugiée réinstallée.

«L’Université de l’Ontario français m’a aidé à réaliser mon rêve», affirme Pascaline Muhimpundu, aujourd’hui enseignante titulaire dans une école francophone de Toronto, en remplacement d’une enseignante en congé maternité.

Une vocation

Alexandre Keyes, lui, enseigne la musique et les études sociales dans une école élémentaire d’Ottawa, où il est en contrat de remplacement jusqu’au mois de juin.

Il poursuivait un Master en littérature à Besançon, en France, lorsqu’il a finalement décidé de revenir en Ontario pour intégrer le programme de l’UOF. «L’enseignement est une vocation depuis longtemps, mais j’ai réalisé que je préférais enseigner aux enfants plutôt qu’aux adultes.»

Moses Gad Defo Watounsi a fait des études en communication et marketing au Cameroun, où il a poursuivi une carrière dans le service à la clientèle. Arrivé à Montréal en début d’année 2023, il s’est découvert une passion pour l’enseignement à travers le programme, et songe même à poursuivre une maîtrise en éducation.

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«C’est tellement intéressant quand je suis en salle de classe: tu vois des petits anges qui sont assis là, et qui n’attendent que toi pour leur transmettre le savoir dont ils ont besoin pour grandir dans cette société.»

Si aucun des trois n’a une expérience professionnelle dans l’enseignement en amont de la formation, ils disent tous néanmoins se sentir «prêts à l’emploi» à l’issue du programme.

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Moses Gad fait des suppléances dans des écoles des conseils scolaires Mon Avenir et Viamonde.

Quatre stages de formation

«Je pense que c’est le système de stages à diverses périodes de l’année, le fonctionnement de la co-planification, et la prise en charge graduelle jusqu’à la prise en charge totale, qui font de nous des personnes vraiment sûres de nous au terme de la formation», explique Moses Gad.

«On avait un premier stage d’observation de dix jours en septembre-octobre, qui m’a permis de comprendre comment on structure une salle de classe et comment on établit les règles avec les élèves en début d’année», rapporte Moses Gad.

«Ensuite, on a eu un deuxième stage au mois de janvier durant lequel je faisais 50% de co-planification et j’avais aussi quelques moments pour dispenser des leçons sous l’observation de mon enseignante d’accueil», poursuit-il. «Lors du troisième stage, on est monté à 75% de co-planification et d’enseignement. Pour enfin arriver au dernier stage, en automne dernier, où j’étais à 100% en charge, mais toujours sous la supervision de mon enseignante d’accueil.»

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«Nous sommes donc opérationnels en sortant de cette formation», affirme Moses Gad.

Un avis partagé par Alexandre Keyes. «En sortant du programme, je me sentais très compétent, même si je n’avais aucune connaissance en enseignement ou expérience avec les enfants avant la formation», confie-t-il.

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Un des groupes d’étudiants au Baccalauréat en éducation de l’UOF. 

Des cours entièrement en ligne

Parallèlement à la pratique, les étudiants ont également une formation théorique, qui se fait entièrement en ligne.

«J’étais un peu déçu, au départ, que ce soit en ligne, confie Alexandre, mais j’ai bien aimé les professeurs et leur soutien tout au long de la formation.»

Si le programme est en ligne, il n’est pas autodidacte, précise Monique Ménard. «Ce sont des cours à heures et dates fixes, et il y a beaucoup de travaux de collaboration.»

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«C’était vraiment une salle de classe, mais de façon virtuelle», rapporte Moses Gad.

Les étudiants ont également la possibilité, pour certains cours, de se rendre sur le campus pour se connecter depuis des salles mises à leur disposition. Une option qui permet aux étudiants d’avoir un espace où ils peuvent se concentrer. «Ça m’a vraiment beaucoup aidé», souligne Pascaline.

Un baccalauréat de plus en plus populaire

Si à son lancement, le Baccalauréat en éducation de l’UOF proposait 40 places, sa capacité a doublé, avec 80 places à temps plein offertes lors de la rentrée 2024.

Une capacité qui devrait continuer à croître, face à une demande de plus en plus grande. «Nous avons dépassé les 400 demandes pour 80 places», indique Monique Ménard.

«Le ministère nous a donc accordé 80 places supplémentaires: on sera à 160 pour le cycle primaire-moyen à la rentrée 2025», se réjouit-elle.

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UOF
Le chancelier Paul Rouleau, le recteur Normand Labrie, la présidente Marie-Lison Fougère de l’Université de l’Ontario français à Toronto. 

De nouvelles formations à venir?

L’université a également fait une demande à la province pour pouvoir offrir des cycles moyens-intermédiaires et intermédiaires-supérieurs à partir de cet automne et ainsi former des enseignants qualifiés pour enseigner les trois cycles, depuis la maternelle jusqu’à la 12e année.

«On espère offrir une qualification pour tous les cycles à partir de cet automne», explique Monique Ménard. «Ce qui devrait générer 80 places supplémentaires: on sera donc à 240 places en tout, si nous avons le consentement ministériel et l’agrément.»

Pallier à la pénurie d’enseignants francophones

C’est une formation qui pèsera dans la balance face au manque d’enseignants francophones dans la province, espère Monique Ménard.

«C’est ma 32e année en éducation», souligne-t-elle. «J’ai vécu l’impact de la pénurie sur les jeunes: de devoir changer de cours le matin, d’annuler des cours, ou encore d’avoir de la suppléance non qualifiée dans les salles de classe.»

«Une personne non qualifiée qui vient se présenter fait du mieux qu’elle peut, rapporte-t-elle ; ce n’est pas comparable à un enseignant ou une enseignante qualifiée. Les jeunes méritent des gens qualifiés devant eux.»

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Au Conseil scolaire catholique MonAvenir, on confirme que «plusieurs étudiants de l’UOF sont présentement en stage chez nous, en enseignement ou dans les services administratifs.»

La relationniste Marion Denonfoux commente que «certainement, le baccalauréat en enseignement offert par l’UOF accroîtra le bassin de candidatures potentielles pour des postes à pourvoir au sein du conseil scolaire. Tout ajout de places dans les universités (UOF, U d’Ottawa ou U Laurentienne) aura un impact positif.»

Même sentiment au Conseil scolaire Viamonde: «Nous applaudissons toute initiative qui vise à valoriser la profession enseignante et à permettre à plus de francophones de se former pour accéder à la profession», indique le directeur des communications Steve Lapierre. «Le fait que l’UOF soit en mesure d’accepter plus d’étudiants que prévu initialement est une excellente nouvelle.»

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