Fort du très grand succès de son premier roman intitulé Maggie, Daniel Lessard récidive avec La revenante, qui raconte la suite de l’histoire de cette Beauceronne irlandaise. Il nous replonge au milieu du dernier siècle, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Chauvinisme, misogynie et petitesse sont au menu.
Appelée au chevet de sa tante mourante, Maggie Miller revient à Saint-Benjamin après vingt ans d’absence. Mais les paroissiens ont la mémoire longue et peu d’entre eux ont pardonné la fronde de cette rouquine qui remue les sens de bien des Beaucerons. L’auteur la décrit comme «une sorcière, une dépravée, pire que Marie-Madeleine. L’diable en parsonne.»
La rouquine est une marginale qui ne veut rien savoir de la religion. «Mariée ou pas, elle ne ferait jamais de compromis.» Selon elle, «les catholiques ont peur… des étrangers, des protestants, des r’venants, de toute».
À peine revenue à Saint-Benjamin, Maggie est victime de menaces anonymes. Un villageois prend la justice entre ses mains et sème la terreur. «La peur s’installe, alimentée par mille rumeurs. À la nuit tombée, la vie cesse. Portes verrouillées. Rideaux tirés.»
Le village, sous la férule d’une clique corrompue dirigée en sous-main par un secrétaire vindicatif et tordu, est au bord de l’anarchie. Daniel Lessard décrit la politique municipale des années 1940 comme une affaire de complaisance. Il cite Jean-Charles Harvey qui parlait d’une «gang de politiciens cracheux, étroits, fielleux et hypocrites».