«La pandémie, c’est la mort des funérailles!»

«Le deuil a besoin de rassemblement, de caresses, de poignées de main...» Photo: Nathalie Prézeau
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Publié 20/05/2020 par Paul-Francois Sylvestre

Entre le 15 janvier et le 19 mai, l’Ontario a enregistré plus de 22 000 cas de CoViD-19, dont près de 2 000 décès. Et, bien sûr, des dizaines de milliers d’autres personnes ont continué de mourir d’autres causes.

Comment les entrepreneurs en pompes funèbres ou les thanatologues tirent-ils leur épingle du jeu en ces temps de pandémie?

Toutes les entreprises funèbres de la province sont régies par l’Autorité des services funéraires et cimetières de l’Ontario et sont soumises à des protocoles sévères. Cet organisme dicte des règles très strictes à suivre en temps de pandémie.

Les funérailles, occasions de rassemblements, sont impactées par les mesures de distanciation physique. Photo: Nathalie Prézeau

Encourager la participation

Le 1er mai 2020, Daniel Lafleur a vendu la Maison funéraire & Chapelle Lafleur, qui dessert Casselman, Embrun et Russell dans l’Est ontarien, après 45 ans comme thanatologue.

Daniel Lafleur

Pour lui, il a toujours été très important d’encourager la famille et les amis à participer aux services funèbres d’un être cher.

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«Ils sont non seulement invités à fournir des photos et vidéos pour la célébration de vie, mais aussi à participer au montage, à être porteurs du cercueil s’il y a lieu, et même à coiffer la personne décédée lorsque le corps est exposé.»

Soulever le cercueil avec des bâtons

Avant la pandémie, les salons funéraires situés à Casselman et Embrun pouvaient accueillir de 200 à 350 personnes durant les jours de visites.

Aujourd’hui, CoViD-19 oblige, «seulement quelques membres d’une même famille rapprochée peuvent entrer par une porte, se soumettre à un questionnaire, se désinfecter les mains, s’approcher du cercueil qui est derrière une barricade de deux mètres, et sortir par une autre porte», note monsieur Lafleur.

«Lors de la cérémonie, les porteurs gardent la distance prescrite grâce à de longs bâtons qui soulèvent le cercueil.»

Incinération

Toujours dans l’Est de la province, la Maison funéraire Shields Berthiaume œuvre dans la région de La Petite-Nation, notamment à Hawkesbury et Saint-André-Avelin.

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Claudia Nolin

Directrice d’une des succursales, Claudia Nolin souligne qu’il est plus difficile de reporter des funérailles en Ontario qu’au Québec.

Elle explique que l’incinération est choisie dans 80% des cas.

«À cause de la pandémie, des cérémonies virtuelles ont maintenant lieu, mais avec un maximum de 10 personnes présentes dans la chapelle, pour respecter la distanciation physique. Les autres gens intéressés peuvent suivre le rituel sur la plateforme Zoom.»

Maximum 10 personnes

Gabrielle Cloutier est directrice chez Janisse Funeral Home à Windsor, une maison fondée en 1895 par le pionnier canadien-français Climaque Janisse.

Gabrielle Cloutier

Elle souligne que, depuis le début de la pandémie, «les familles ont le choix d’avoir un service funéraire privé avec un maximum de dix personnes présentes sur place ou de reporter la cérémonie de célébration de la vie à une date ultérieure, post-pandémie».

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À Windsor, l’augmentation du nombre d’incinérations n’a pas vraiment augmenté depuis la pandémie.

«L’incinération n’exclut pas la possibilité d’enterrement, précise Gabrielle Cloutier. La majorité de nos clients choisissent le dépôt des cendres dans un cimetière plutôt que dans un columbarium.»

Caresses et poignées de mains

David Laplante est directeur général de la Coopérative funéraire de Sudbury, avec des succursales à Hanmer et Chelmsford. Il explique que «le deuil a besoin de rassemblement, de caresses, de poignées de main. La pandémie, c’est la mort des funérailles!»

David Laplante

Le thanatologue ajoute que la distanciation physique et le contrôle chambardent les horaires, rendant le tout plus stressant pour les familles.

Il est possible de reporter les célébrations de vie, bien entendu, mais M. Laplante se demande même si elles auront lieu en 2020 ou 2021. «Le deuil ne sera plus le même, les gens se seront plus ou moins faits à l’idée de l’absence de leur être cher.»

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Chaque thanatologue insiste pour dire que, virus ou non, la priorité est de toujours offrir un rituel qui permette aux familles de vivre sereinement leur deuil, de tourner la page dignement.

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