La flore arctique toujours aussi captivante

flore arctique végétation Nunavut
Les feuilles de myrtille, de thé du Labrador et de busserole sont les types de feuilles les plus courants à cueillir pour le thé. Photo: Gabrielle Poulin
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Publié 18/10/2022 par Karine Lavoie

Les Nunavummiut ne sont pas les seuls à vouloir en apprendre davantage sur les plantes arctiques qui composent le territoire. L’an dernier, un groupe de botanistes canadiens s’est déplacé au Nunavut pour étudier et documenter sa végétation.

Les plantes du Nunavut sont remarquables pour endurer des conditions difficiles, en grande partie grâce à une série d’adaptations.

À travers, le programme Découvertes du ministère de l’Environnement, les Nunavummiut étaient invités au cours de l’été à en apprendre davantage sur les plantes arctiques et sur leurs bienfaits.

Le parc Sylvia Grinnell d’Iqaluit, le parc Katannilik de Kimmirut, le parc Iqalugaarjuup Nunanga de Rankin Inlet et le parc Kugluk de Kugluktuk ont accueilli les participants lors des différents ateliers offerts.

flore arctique végétation Nunavut
Chaque communauté du Nunavut est unique au niveau de sa végétation. Photo: Gabrielle Poulin

Des utilisations variées

Les ateliers dédiés à l’apprentissage des plantes du territoire font partie du programme Découvertes.

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«Ces ateliers visent à faire participer les participants à l’apprentissage d’activités culturelles tout en profitant du parc et en sortant à l’extérieur», indique Kaalai Ipeelie, directrice du patrimoine au gouvernement du Nunavut qui a transmis ses connaissances lors des activités tenues cet été.

«Les ateliers préservent et promeuvent la culture, qu’il s’agisse d’apprendre à nettoyer et à préparer les peaux de phoque ou les utilisations traditionnelles des plantes. Tout cela fait partie de la préservation de nos traditions par le biais d’ateliers et de programmes.»

Elle explique que chaque communauté est unique au niveau de sa végétation. Par exemple, Iqaluit possède une mousse spécifique pour allumer le qulliq que les autres communautés n’ont pas.

D’autre part, les plantes d’Iqaluit peuvent être différentes de celles de Kimmirut, par exemple, en termes d’utilisation et de période de la saison où elles sont cueillies.

Parmi les plantes les plus courantes, Kaalai Ipeelie mentionne entre autres le saule arctique, qui est utilisé pour la mèche du qulliq. En plus d’avoir cette même utilisation, le coton arctique était utilisé comme emballage pour le cordon ombilical d’un nouveau-né ainsi que comme isolant sous la semelle des bottes et à l’intérieur des mitaines.

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Les feuilles de myrtille, de thé du Labrador et de busserole sont les types de feuilles les plus courants à cueillir pour le thé.

Quant au champignon vesse-de-loup, il est utilisé pour les coupures, les infections ainsi que l’eczéma.

Une végétation unique  

Au cours d’un séjour de cinq semaines au Nunavut à l’été 2021, Paul Sokoloff, botaniste au Musée canadien de la nature, Lynn Gillespie, chef de projet, et Geoff Levin, associé de recherche du Musée, ont porté leur intérêt sur la végétation du parc territorial Agguttinni, qui compte une superficie de 10 000 kilomètres carrés.

À partir de quatre camps de base, le groupe a pu recueillir, au fil de leurs sorties, des plantes dans une série d’habitats.

Cette initiative représentait un partenariat avec le Service des Parcs et Lieux d’intérêt du Nunavut, qui s’est montré intéressé à dresser l’inventaire botanique du parc.

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Paul Sokoloff, du Musée canadien de la nature.
Paul Sokoloff. Photo: Musée canadien de la nature.

Depuis son arrivée au Musée canadien de la nature, Paul Sokoloff cumule une douzaine d’expédition de recherche dans l’Arctique canadien, dont le Nunavut. Il estime que ceci représente un travail essentiel pour documenter et décrire l’écosystème qui change le plus rapidement au Canada.

Depuis plus d’un siècle, les botanistes du Musée canadien de la nature sont à l’avant-garde de la recherche sur les plantes arctiques et amassent la plus grande collection de plantes de l’Arctique canadien.

«Pour les conserver, il est essentiel de comprendre ces espèces, de savoir comment les distinguer et où les trouver», explique Paul Sokoloff.

Lors de leur séjour au parc territorial Agguttinni, l’équipe du Musée a recueilli plus de 1000 spécimens représentant 140 espèces végétales différentes.

Paul Sokoloff soulève qu’une distinction importante concernant les plantes et les lichens qui composent la flore arctique est leur adaptation pour prospérer dans leur habitat de toundra.

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Il ajoute que la plupart des plantes qui poussent dans l’Arctique sont des plantes vivaces, qui ont du temps à passer à travers les années et les courtes saisons de croissance estivales, jusqu’à ce que ce soit le moment idéal pour fleurir et porter fruit.

«De nombreuses plantes arctiques arborent des fleurs voyantes qui attirent les insectes pollinisateurs, tandis que d’autres sont adaptées à la pollinisation éolienne ou à l’autopollinisation.  De nombreuses plantes de l’Arctique sont également adaptées pour se réchauffer, soit en s’abaissant au sol, comme coussin avec une surface extérieure minimale, soit en suivant le soleil comme une antenne satellite », explique Paul Sokoloff.

Nunavut
Le Nunavut, territoire à majorité inuite du Grand Nord canadien.

Un leg aux générations futures

Kaalai Ipeelie estime qu’il est important de transmettre les connaissances liées aux plantes arctiques et leur usage traditionnel afin qu’elles puissent être conservées pour les générations futures.

Dans le cadre de son travail, elle a pu questionner des aînés à savoir quelles plantes étaient utilisées à l’époque et de quelle façon. «Il y a beaucoup plus d’aînés avec cette connaissance qu’il n’y parait», indique-t-elle en spécifiant que ces informations sont ensuite utilisées comme ressources éducatives pour les communautés et les écoles.

Lors de leur séjour au Nunavut, l’équipe du Musée canadien de la nature a travaillé en étroite collaboration avec les collectivités et les organismes locaux sur les utilisations traditionnelles et le savoir inuit des plantes arctiques.

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«Nous avons eu le privilège de participer à des entrevues avec des aînés et travailler avec les jeunes des communautés où la connaissance des plantes est transmise. Chaque fois que nous avons vu des connaissances partagées ou que nous les avons reçues, nous avons été reconnaissants d’apprendre, et n’oubliez pas que ce ne sont pas nos histoires, mais plutôt celles des communautés et des peuples d’où elles viennent», conclut Paul Sokoloff.

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