La danse contemporaine, par son côté très abstrait, peut souvent être mal ou pas du tout comprise. Il faut en effet avoir certaines clés pour apprécier une pièce de ce style, pour comprendre ce que font les danseurs. Emmanuelle Vo-Dinh et Alban Richard, deux chorégraphes français, nous ont offert leurs lumières lors d’une conférence à l’Alliance française, mercredi 20 avril.
Les deux chorégraphes ont été invités par le Toronto Dance Theater pour créer chacun une pièce contemporaine avec les danseurs de Toronto. Trois jours après leur arrivée, ils étaient à l’AFT pour présenter leur travail et parler, plus largement, de la danse contemporaine.
La danse contemporaine et le féminisme
Lorsque l’on dit que quelque chose est contemporain, c’est qu’il est ancré dans l’époque actuelle. Alors le terme de «danse contemporaine» devrait simplement signifier la danse de maintenant, du XXIe siècle. Or, il s’agit d’un style de danse qui prend ses sources au début du XXe siècle, parallèlement au courant féministe.
«Pour les chorégraphes de l’époque, il était nécessaire de redécouvrir un corps féminin non entravé par le tutu ou les pointes. C’est un retour à la danse pieds nus, comme une libération du corps», explique Alban Richard.
La danse contemporaine semble être un art libre, dans lequel tout est possible. «Il n’y a pas une seule danse contemporaine, mais plusieurs. Chaque chorégraphe a son propre univers mental, sa propre façon de voir le monde. Par exemple le corps peut être traité de façon abstraite ou non», confie Alban Richard. Pour donner du sens et de la cohérence à la pièce, les chorégraphes peuvent utiliser la contrainte. Lorsque Alban Richard parle de sa manière de travailler, il explique: «ce qui m’intéresse c’est de partir d’une contrainte, comme par exemple aller du plus rapide au plus lent, pour travailler sur l’imaginaire du spectateur».
Emmanuelle Vo-Dinh a commencé sa carrière de danseuse avec un chorégraphe de tradition baroque et donc avec des pièces très structurées. «J’avais envie d’entrer en studio en me disant: «Je ne sais pas ce qu’on va faire.» Mais pour structurer les créations, j’ai utilisé la contrainte de la répétition du mouvement pour rendre mes pièces très hypnotiques et jouer ainsi sur l’esprit du spectateur».