La civilisation Dogon à découvrir

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Publié 21/06/2011 par Gabriel Racle

Cette civilisation, c’est la civilisation Dogon, une riche civilisation culturelle, artistique, plus connue sans doute en Europe, du fait de la colonisation de l’Afrique, puisque c’est dans ce continent qu’elle a éclos et se trouve toujours.

Mais l’occasion nous est donnée de la découvrir ou de rafraîchir nos connaissances grâce à une grande exposition au Musée du quai Branly à Paris, et à un superbe livre que les amateurs d’art et d’histoire ne manqueront pas de se procurer, car il est rare d’avoir sous la main une telle documentation concernant les Dogon.

Les Dogon

«Au cours des siècles, les terres d’Afrique ont vu se succéder des vagues d’immigration», explique Hélène Leloup, spécialiste des Dogon. Il en résulte une histoire complexe et diversifiée des populations africaines, qui concerne ainsi le mode de vie et l’art dogon, avec les jeux d’influences.

Les Dogon seraient venus d’une région au sud-ouest de l’actuel Mali, le Mandé (d’où dérive le nom Mali), au XIVe siècle, pour éviter l’islamisation. Ils se seraient finalement installés dans le centre-est du Mali, appelé le pays Dogon, et qui comprend la falaise de Bandiagara (classée au patrimoine de l’UNESCO), un plateau accidenté et une plaine sableuse. Quelque 300 000 Dogons y vivraient, notamment dans la falaise qui, surplombant la plaine, s’étend sur près de 200 km, peuplée de villages implantés dans celle-ci.

Art et culture

L’exposition DOGON, ouverte jusqu’au 24 juillet, présente l’histoire de l’art et de la culture dogon, depuis le Xe siècle jusqu’à nos jours, avec plus de 330 œuvres exceptionnelles provenant de collections du monde entier, qui forment donc un ensemble unique.

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«Les Dogon comptent dix siècles d’existence sur les falaises de Bandiagara au Mali. Dans ce paysage escarpé, ils ont bâti leurs abris et leurs sanctuaires où veillaient leurs fascinants gardiens de bois sculptés, protecteurs de la communauté. Le mythe fait partie intégrante de leur vie.

Il rythme leur quotidien, s’inscrit dans leurs croyances et leurs rituels. Il révèle aussi le mystère de leurs origines», explique le président du musée dans la préface de l’ouvrage auquel cette exposition a donné lieu.

La créativité des artistes s’exprime magnifiquement dans la diversité de leurs statues, des représentations humaines: cavaliers, maternités, hermaphrodites personnifiant l’idéal de réunion des deux sexes, ou personnages aux bras levés (des prêtres?) implorant peut-être le dieu créateur Amma pour obtenir la pluie.

Mais l’art dogon se manifeste aussi par d’autres articles qui témoignent de l’importance de représenter le mythe d’origine dans les objets quotidiens ou architecturaux, bijoux, portes, sièges, sculptures d’animaux, comme un étrange serpent de bois, des oiseaux, un chien, une autruche, etc. Ces objets traduisent les mêmes thèmes «magico-religieux» que les sculptures.

Les masques

Les masques de danse sont aussi une des réalisations les plus typiques des Dogon. Un de leurs rituels, le sigui, a lieu tous les soixante ans. Il sert à l’expiation des fautes et présente des masques anthropomorphes ou zoomorphes (antilope, lièvre, buffle, singe, oiseau, hyène, lion) de grande taille, jusqu’à dix mètres pour le masque-serpent, symbole de l’ancêtre mort. Il est effectué à cette occasion. Toute la communauté participe à cette cérémonie. Les initiés doivent le garder et sont considérés comme responsables de l’âme de l’ancêtre.

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«De nos jours, les masques dogon sont les plus importants au Mali, en raison aussi bien de leur diversité que de la fonction socioculturelle et artistique qu’ils jouent au sein des communautés détentrices. Grâce aux masques et à certaines autres valeurs culturelles, le pays et la culture dogon sont parmi les plus connus de l’Afrique de l’Ouest. Les traditions sociales et religieuses auxquelles ils sont liés survivent, même si certaines mutations importantes se sont opérées… sous les effets induits par un tourisme culturel… » (p. 196 du livre)

Dogon, Leloup, Hélène. DOGON, Somogy/Musée du quai Branly, 320×245, 400 p. 400 illustrations de la couleur des pièces, dont une centaine en pleine page. L’ouvrage est remarquable par la qualité des reproductions et sa structure en deux parties: une partie «pédagogique» et le catalogue de l’exposition qui en reproduit les pièces.

La partie pédagogique, quelque 200 pages, permet de situer et de comprendre la place du peuple dogon dans l’histoire de l’art et de la culture africaine. H. Leloup développe l’histoire des populations de l’Afrique du Nord, pratiquement de l’Antiquité jusqu’à nos jours, en évoquant les empires réels ou mythiques, et la colonisation française du pays Dogon. D’autres chapitres traitent des textiles et des masques digon.

C’est une somme de textes documentaires grâce auxquels on découvre la civilisation dogon, ses aspects artistiques et culturels, dans le cadre de son histoire. Si l’on visite l’exposition, on en gardera un souvenir avec ce livre. Si l’on souhaite se familiariser avec l’art dogon et le comprendre, on tiendra à se procurer cet ouvrage qui est une synthèse et un livre d’art magnifique.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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